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J'ai fait un rêve

Certains se réveillent courageux… Après avoir bâillé et pris leur café, ils vont en robe de chambre se mettre devant la machine à écrire. Moi, je me réveille le matin avec un désespoir infini, la première pensée qui me vient à l’esprit est l’envie de mourir. Ils disent qu’ils sont dans un moment privilégié d’inspiration, que le chat à la fenêtre et les fleurs dans le jardin font remonter en eux une soif d’écriture. Et puis, ils disent l’aube naissante, la beauté des arbres et le chant des oiseaux. Moi, je dis la douleur de vivre, la torture d’avoir un esprit fragmenté. Comment puis-je faire autrement ? Les mots sont des lames acérées. Mes maux sont l’impossibilité de supporter, de soutenir un état normal. Alors, ma normalité se perd dans des scarifications et le fumier des jours. Le matin, les artistes jouent du piano, une mélodie de Bach ou de Mozart. Les éboueurs vident les poubelles. Les boulangers font des petits pâtés de pain. Moi, je fais remonter l’angoisse dans des volumes où mon esprit se déchire et cesse de se tenir sur ses deux jambes. Que de facultés que moi je n’ai pas ! Et comment parvenir à exister quand la torpeur se mêle au néant ? Eux ont les mots, le langage… Moi je n’ai que cette impossibilité de vivre. Alors, faut-il se lever le matin pour supporter la croix du chemin journalier ? Faut-il accepter de porter encore le fardeau ? Pour certains, le soleil est promesse de jour naissant, de poésie, de peinture. Pour moi, c’est la même promesse d’être malheureux, anéanti dans les effluves de la vie sociale. L’écriture donne-t-elle un sens au passage, comme un baume apaisant ? Donne-t-elle raison au jour ? L’envie de vivre et d’aller en avant ? La faux s’est abattue sur mon chemin mental. Et je lis des gens heureux de vivre. Et je lis des gens aussi désespérés que moi. Le matin ne m’appartient pas. C’est juste le moment de la journée où tout recommence. L’éternel recommencement des jours. L’éternel instant où je me dis que rien ne vaut la vie rêvée. Il faudrait que ce soit cela le matin : un rêve qui dure encore.

 

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