Mot à Maux est en danger. Et si l’on m’enlève ma revue, on m’arrache le cœur ! Aujourd’hui, elle est menacée d’extinction. Il manque la participation des poètes eux-mêmes ! Comment la faire vivre désormais ? Ma boite à mail est désespérément vide et j’ai de la peine à nourrir un sommaire pour le numéro 19 de décembre ! À terme, la revue ne pourra pas se relever. L’argent n’est pas la question. Je suis généreux, je ne suis pas avare d’exemplaires gratuits. Je dépense une grosse somme de timbres dans ma générosité… Comment ferais-je si je n’avais pas un matelas épais qui m’évite de finir à la rue ? Suis-je une petite revue ? N’ai-je pas de légitimité parmi mes pairs ? Ne suis-je pas limité par la vitesse de la société de consommation ici, sur Internet ? Il est un fait que je ne peux pas continuer l’aventure seul ! Sans la confiance que, jusque-là, on a bien voulu m’accorder, je ne pourrai pas survivre bien longtemps. Je ne peux pas porter seul le fardeau. Une revue est comme l’esprit lui-même, elle « restitue sous une forme inédite non pas le monde brut, mais plutôt l’énorme matière littéraire qui préexiste à [elle] » (Julien Gracq). Autrement dit, une revue n’a pas la volonté de se substituer au monde, ni d’être le monde, mais d’agir avec lui dans une existence commune. La parole est la chose la plus précieuse que nous ayons et nous ne pouvons nous en défaire. C’est ainsi que je conçois de faire vivre Mot à Maux : au plus près de la vie, au cœur de la société et dans notre esprit. Poètes ! Il me manque votre parole pour que la revue ne meure pas ! Je sais compter sur mes fidèles amis. J’ai pour règle de ne pas solliciter d’auteurs de façon brutale et de compter sur le hasard et les liens virtuels. Mais un revuiste ne peut pas se contenter de publier les mêmes auteurs. La nouveauté, l’esprit de renouvellement est essentiel. Mot à Maux ne peut vivre plus longtemps sans votre confiance. Sans textes, sans auteurs, c’est le numéro 19 de décembre lui-même qui est en jeu. Ceux qui me connaissent un peu savent que je suis plein de projets, que je manie un peu l’utopie, convaincu que la poésie peut contribuer à changer la vie. Sans vous, sans votre présence, je ne pourrai avancer à rien. Le silence infini dans ma messagerie. Le sentiment de ne pas exister dans un combat qui est le mien… De ne pas avoir les clefs. De finir à la rue ! Je suis menacé de ma propre expulsion ! Se lever le matin (à midi) pour ne respirer que le silence de la journée, avec ces voix chantantes dans ma tête qui me disent de marcher ou de mourir ! Finalement, la solitude est le pire des enfers ! Redonnez à ma vie la poésie qui lui manque… Car vous êtes mon énergie, l’espoir de changer un peu cette pauvre vie. Il s’agit d’une revue, d’une simple revue ! C’est-à-dire une aventure collective, l’espoir que la parole soit à nouveau redonnée à ceux qui n’ont rien, ou rien d’autre que la poésie ! Moi, je ne veux pas finir comme ces suicidés, comme ces malades que la société condamne à l’exil ou à l’asile. Je ne retournerai pas là-bas ! J’ai des rêves – en plus de la Clozapine – qui me maintiennent en vie. Ma colère est immense contre cette société mercantile, aliénée, qui ne donne plus d’espoir. Il faudrait peut-être tout abandonner, cesser nos activités, se résoudre au silence ? Ce sont les mots qui me font vivre. C’est-à-dire cette impossibilité de renoncer. Je vais continuer à surveiller ma messagerie. Continuer mon travail poétique. Sans vous, je suis réduit au silence. Aujourd’hui, je me présente en mendiant, désespéré… mon avenir ne dépend que de vous. Ce n’est pas un billet que je recherche. C’est votre contribution, votre confiance. Aidez-moi à relever Mot à Maux !
Sincèrement en poésie,
Daniel Brochard