La poésie aujourd’hui vit un paradoxe : elle est active, riche, partagée par de nombreux auteurs… elle est aussi ignorée du (grand) public. Sa représentation dans la sphère sociale est minime ; méprisée par les médias, elle vit dans une bulle fragile. Les temps délétères que nous vivons font le malheur du poète, isolé dans la foule, parfois résigné à son enfermement. Le pouvoir centralisé de la parole médiatique nous exclut d’une représentation nationale. Condamnés à survivre, nous sommes loin de toutes les attentions. Malgré la bienveillance de nombreux acteurs en poésie et notre présence dans les marchés, les salons, les rendez-vous provinciaux, la poésie est mal représentée. La poésie vit comme elle peut, avec les soutiens d’acteurs passionnés : en témoignent les nombreux éditeurs de poésie présents et actifs dans le pays. Je pense qu’il est temps de lancer l’offensive pour faire sortir la poésie de son microcosme (qui arrange bien les puissants) et de mettre un coup de projecteur sur notre travail. Le monde dans lequel nous vivons nous inquiète. Tout repose sur les bras d’une jeunesse en quête de repères. Les générations futures ont besoin de notre action ici et maintenant. Dire ce que nous inspire ce monde est déjà un point de départ, donner à écouter des voix dissidentes peut redonner du sens à une jeunesse désespérée. Je propose une action basée sur la volonté de transmettre le discours poétique dans la sphère sociale. Nous pouvons créer des lieux d’expression (virtuels), des lieux de représentation (au cœur des librairies par exemple) et engager une campagne d’information (dans les médias). Il s’agirait d’une vaste entreprise pour mettre la parole poétique au pouvoir, en ces temps où le discours politique se perd dans une absence de signification. N’avons-nous pas aussi droit à la parole ? Changer la vie n’est plus impossible. Nous avons tout pour mener ce combat, par l’information, l’expression, la diffusion de nos valeurs. Soyons libres et osons la parole ! Ensemble, nous pourrons espérer nous faire entendre. La richesse de chacun sera notre libération.
Daniel Brochard