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Parole de poète

  • Préambule

    La poésie aujourd’hui vit un paradoxe : elle est active, riche, partagée par de nombreux auteurs… elle est aussi ignorée du (grand) public. Sa représentation dans la sphère sociale est minime ; méprisée par les médias, elle vit dans une bulle fragile. Les temps délétères que nous vivons font le malheur du poète, isolé dans la foule, parfois résigné à son enfermement. Le pouvoir centralisé de la parole médiatique nous exclut d’une représentation nationale. Condamnés à survivre, nous sommes loin de toutes les attentions. Malgré la bienveillance de nombreux acteurs en poésie et notre présence dans les marchés, les salons, les rendez-vous provinciaux, la poésie est mal représentée. La poésie vit comme elle peut, avec les soutiens d’acteurs passionnés : en témoignent les nombreux éditeurs de poésie présents et actifs dans le pays. Je pense qu’il est temps de lancer l’offensive pour faire sortir la poésie de son microcosme (qui arrange bien les puissants) et de mettre un coup de projecteur sur notre travail. Le monde dans lequel nous vivons nous inquiète. Tout repose sur les bras d’une jeunesse en quête de repères. Les générations futures ont besoin de notre action ici et maintenant. Dire ce que nous inspire ce monde est déjà un point de départ, donner à écouter des voix dissidentes peut redonner du sens à une jeunesse désespérée. Je propose une action basée sur la volonté de transmettre le discours poétique dans la sphère sociale. Nous pouvons créer des lieux d’expression (virtuels), des lieux de représentation (au cœur des librairies par exemple) et engager une campagne d’information (dans les médias). Il s’agirait d’une vaste entreprise pour mettre la parole poétique au pouvoir, en ces temps où le discours politique se perd dans une absence de signification. N’avons-nous pas aussi droit à la parole ? Changer la vie n’est plus impossible. Nous avons tout pour mener ce combat, par l’information, l’expression, la diffusion de nos valeurs. Soyons libres et osons la parole ! Ensemble, nous pourrons espérer nous faire entendre. La richesse de chacun sera notre libération.

    Daniel Brochard

  • Une révolution dans l'autoédition

    Chronique par Jean-Jacques Nuel

     

    En 1986 paraissait la première édition de l'annuaire AUDACE (Annuaire à l'Usage Des Auteurs Cherchant un Éditeur) dont j'étais co-auteur avec Roger Gaillard (les éditions ultérieures seront réalisées par le seul Roger). Je militais à l'époque au sein du CALCRE (Comité des Auteurs en Lutte Contre le Rackett de l'Édition), une association créée pour dénoncer et combattre le compte d'auteur abusif. Le Calcre intentait des procès pour défendre les auteurs arnaqués, publiait guides et annuaires, dont le fameux AUDACE, et lançait enfin un magazine, Écrire & Éditer, dont la parution s'arrêta en 2003.

    Avant la révolution numérique et l'avènement d'Internet, la situation était déjà difficile pour les auteurs. Ceux-ci, pour publier leur œuvre, avaient trois possibilités.

     

    L'édition traditionnelle à compte d'éditeur, soit dans les grandes maisons déjà saturées de manuscrits, soit chez les petits éditeurs, qui atteignaient vite leurs limites et qui, contrairement à leurs discours généreux et leurs déclarations d'intention, laissaient sur la touche beaucoup d'excellents auteurs et d’œuvres originales.

    L'édition à compte d'auteur, le plus souvent abusif, le prestataire délestant l'auteur d'une somme parfois considérable et se contentant d'éditer le livre sans se préoccuper de sa diffusion.

    L'autoédition, l'auteur faisant réaliser son livre par un imprimeur et se chargeant ensuite de toutes les formalités légales d'édition et de la diffusion.

    Cette dernière solution était alors assez peu pratiquée car, avant l'édition numérique, il n'était pas possible de faire de faibles tirages pour un prix abordable. Afin de baisser le coût unitaire d'un livre, il fallait l'imprimer à des centaines, voire des milliers d'exemplaires, et l'opération coûtait cher à l'auteur qui se retrouvait en outre en possession d'un énorme stock d'ouvrages impossibles à écouler.

     

    La situation est très différente aujourd'hui, car si l'édition à compte d'éditeur (toujours aussi saturée) et l'édition à compte d'auteur existent encore sous les mêmes formes, l'autoédition a été révolutionnée par le numérique et les plateformes de publication.

    L'auteur peut désormais réaliser et vendre son ouvrage (sous forme papier et ebook) grâce à des plateformes d'autoédition ; il lui en coûtera un abonnement ou une participation financière raisonnable. Les plus connus de ces sites sont LIBRINOVA, TheBookEdition, BoD, Iggybook..., partenaires qui proposent une aide et un accompagnement, ce qui explique la contrepartie financière.

    Il est de bon ton aujourd'hui de condamner le monstre Amazon, pour ses pratiques hégémoniques qui tuent la concurrence, mais il faut reconnaître que le service d'édition qu'il propose, Kindle Direct Publishing, est excellent, et sans doute le meilleur. Et entièrement gratuit (du moins pour la composition de l'ouvrage, Amazon ne prélevant qu'un pourcentage sur chaque vente réelle). Cela requiert beaucoup de temps et de patience, car l'auteur est absolument seul à se débrouiller avec les logiciels mis à sa disposition. Mais le jeu en vaut la chandelle.

     

    Un excellent poète et écrivain, Christian Cottet-Emard, ne cherche plus à contacter des éditeurs pour sa poésie, préférant l'autoédition, ce qu'il explique dans la préface de son dernier recueil Aux grands jours :

    « Je suis de moins en moins tenté de soumettre un cycle de poèmes aux éditeurs de poésie même si publier à certaines enseignes me serait évidemment agréable. Quant à la satisfaction très compréhensible de voir enfin exister le ou les poèmes en un livre imprimé, je n'ai pas besoin de déranger un éditeur pour y accéder, car les récents et fulgurants progrès dans l'art d'imprimer à tirage limité la rendent immédiatement possible et pour le plus modique des coûts. En raison des tirages restreints et de la faible diffusion de la poésie, un poète peut aujourd'hui raisonnablement se poser la question de savoir si un éditeur de poésie est capable de lui assurer un lectorat plus nombreux que celui qu'il pourrait toucher en s'éditant lui-même, toute considération de prestige et d'image de marque liée à une enseigne évidemment mise à part. »

    Grâce à ces nouvelles formules, le livre peut sortir des tiroirs et aura le mérite d'exister. Commence alors le plus difficile, le chemin de croix : faire connaître et vendre son ouvrage.

     

    Jean-Jacques Nuel

     

    Site de Jean-Jacques Nuel

  • Correspondance

    « Catherine Andrieu et Daniel Brochard sont poètes, peintres, « philosophes » chacun à sa façon. Ils sont tous les deux et perdus et sauvés par une extrême sensibilité et une intelligence hors du commun. » Jean Hourlier.

    Après avoir publié de la poésie aux Editions du Petit Pavé, Catherine et moi signons une correspondance libre et authentique. Ici la parole se dévoile dans le déchirement et l’amour le plus profond. L’amitié (peut-être la plus haute valeur morale) est mise à l’épreuve, les sentiments exacerbés se contredisent et se bousculent. Car rien n’est jamais facile dans une relation quand tant de facteurs sociétaux et intimes s’entremêlent. Cette correspondance est un aparté dans notre relation, un moment suspendu, comme une voie parallèle, un pont jeté sur le temps. Les multiples abcès crevés, les réconciliations, les reproches, les preuves d’amitié se succèdent dans une danse tribale où deux âmes s’affrontent, s’aiment et se réconcilient. L’amour, chahuté âprement s’éteindra finalement. L’amitié vaincra, plus forte que jamais, plus éprouvée, plus assurée. Un respect mutuel viendra parfaire la relation. Ici s’expriment tant de sentiments humains. La maladie y trouve sa place quand l’isolement, les jugements de la société l’aggravent férocement. Merci à Catherine d’être mon amie. Un mot qui pour moi revêt une importance toute particulière.

    Daniel Brochard

    Correspondance octobre 2017 - Septembre 2018, aux éditions du Petit Pavé.