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  • Mot à Maux est fauché

     

    La manche 2.JPGIl n’y a que le malheur qui dise la vérité. Le bien-être est une dimension mensongère, une illusion de plus dans un monde d’images. Et puis, c’est le lot commun de beaucoup d’hommes et de femmes. Nous avons tous en nous un Jésus personnel. Celui-ci existe en nous d’une façon protéiforme. A chacun sa propre tragédie. Quand l’inconscient se révèle, lorsqu’il devient réel, où est le repos, où est l’échappatoire ? La conscience de l’invisible devient matière visible et frappe lourdement les esprits fragiles. Quelque chose d’irrépressible, de définitif se met en place. On ne peut plus en appeler au ciel, à Dieu ou aux hommes. Le désespoir ici-bas semble habiter toutes les dimensions. Alors on danse, on boit, on fait la fête, ignorant qu’un jour peut-être le malheur frappera à la porte.

    Mais que fait Mot à Maux ? Vacances perpétuelles ou bagne à perpétuité ? Et que deviennent les abonnements ? Sept à ce jour. Il faut dire que la revue est bien relayée dans la sphère Internet. Ainsi, le site Recours au poème signe en mars 2019 le « Retour de Mot à Maux » et la revue Décharge a fait de Mot à Maux n°7 la revue du mois de mai. Le site arpo a accueilli les deux derniers numéros dans sa bibliothèque virtuelle. Sans compter les blogs d’auteurs qui ont aimablement diffusé les informations. Tout cela permet à Mot à Maux de vivre. On a pu me reprocher d’avoir utilisé le terme de « petite revue ». Et je comprends qu’il n’y a pas de comparaison à établir. Là où est le hic, justement, c’est bien dans les abonnements. Mot à Maux a un double but : publier des poètes d’aujourd’hui et toucher le lecteur. La première motivation fonctionne puisque la revue publie un grand nombre d’auteurs. La seconde est plus problématique : quoi qu’on en dise, Mot à Maux ne sera pas une « grande revue » tant que ses ventes ne permettront pas d’assurer un minimum de recettes. Je déteste parler d’argent, mais le fait est là : à chaque parution, je perds les frais d’impression ! Et pourtant, l’argent est un problème majeur en poésie. Un poète doit pouvoir régulièrement payer des frais postaux, des courriers. Beaucoup sont déjà bien sollicités par les abonnements et les achats. Et l’argent n’est pas disponible à l’infini. Il faut faire des choix. Je souhaiterais pouvoir compter sur un soutien financier, mais je ne suis pas le seul. Alors, tant qu’il y aura des auteurs et des textes de qualité, mon devoir sera de servir d’autres écritures. C’est peut-être une question d’altruisme. Pour moi c’est un combat.

    Pourquoi enfin s’abonner à Mot à Maux ? Parce que cela ne coûte rien : le prix d’un burger au McDonald, celui d’un magazine féminin, d’une lotion capillaire, d’un Coca Zéro… Parce que c’est meilleur pour la santé qu’une part de pizza. Parce que c’est un voyage gratuit au bout des îles. Pour le prix de 4 euros le numéro, 48 pages de poésie sont servies avec paille et glaçons. Idéal pour emmener à la plage et disserter sur la poésie avec les mouettes. Ca n’est pas Marc Levy ou Amélie Nothomb… Ca n’est pas vendu à la FNAC, certes. Mais nous faisons partie d’une résistance souterraine. Pourquoi s’accrocher comme un mort de faim à la poésie ? Quand tout est désespéré, sombre. Peut-être pour transmettre la beauté du monde, celle qui n’est pas montrée à la télé, qui est galvaudée ici et ailleurs. La parole est l’unique but de Mot à Maux. J’ose encore croire à une utopie. La poésie sauvera le monde ou ne sera pas. Dans ce monde qui regorge d’argent et de richesses, Mot à Maux est du côté des faibles et des fauchés. Mot à Maux vous tend la main pour un euro ou une cigarette. Assis sur son morceau de carton, la tête au ciel et les yeux dans le vide, il défie du regard les passants. Avec un peu de chance, ce soir il pourra aller chez McDo.