Dans "Eglogues printanières" Jean Dif nous emmène au-delà de nos murs, dans un coin qui pourrait être partout et qui nous dit qu'il existe un autre ailleurs où le rythme de la vie est bercé par une autre nature, bien loin du béton et du vacarme du métro. Ces petits poèmes pastoraux nous chantent le temps d'un printemps la féerie de germinal, l'épanouissement de floréal, la douceur prairiale et cultivent en nous les Versets du potager, autant de moments pour dire une nature foisonnante emprunte d'une âme qui s'insinue de la terre à la cime, dans toutes les feuilles, sur les pétales des plus belles fleurs. La nature entière est généreuse, vie, sens et symboles, ainsi "La sève est l'ascenseur des sources" ; "il est des fleurs pareilles à des bougies / qui retiendraient leurs larmes". Mais la poésie n'est pas "une dent de sagesse", la nature dans toute sa beauté nous rappelle que l'être est fragile : "Diamant reflet du vide / lucidité de l'obscur / sous la dureté la blessure". "La mort traite l'homme en fourrage" et il a droit à plus de compassion. Comme le jardin qui prospère, l'homme est en attente de désirs et de vie. Jean Dif nous dit : "Le baiser est une blessure qui se ferme". La nature est bien plus qu'un écosystème, elle est la prospérité du sens et l'expression de la vitalité de l'homme. Derrière chaque arbre est un être, derrière chaque mot est un sens. Et comme il est dit : "En s'absentant de soi on gagne en plénitude / tel est l'enseignement du parfum de la fleur / même la plus infime."
Encres Vives / collection Encres Blanches / éditeur : Michel Cosem, 2 allée des Allobroges / 31770 Colomiers / mars 2005.