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Ava Adore

La caissière me regarde dans les yeux : « - Alors, fini ? » J'ai envie de lui dire : « Oui. J'ai vu un vieil homme tomber sur le trottoir à la tombée de la nuit, et un immeuble s'est effondré, la grande barrière de corail disparaît, nous tomberons nous aussi. » Et alors que je prépare ma carte de crédit, j'entends la mégère qui râle contre son gamin : « - Tu n'écoutes pas ! Tu vas finir par te ramasser une calotte si ça continue ! » Moi je pense combien nous sommes tous emportés à ne considérer que des choses sans valeur, des détails insignifiants, à l'impossibilité d'élever notre regard. Et je rêve de quelque chose de plus haut. Les rayons sont pleins, tous les néons sont allumés. Il n'y a rien à comprendre de logique, nous sommes des fourmis engagées dans la construction de je ne sais quel édifice. Alors je dis à la caissière : « Oui. J'ai la carte du magasin et je paie par carte bancaire. » Elle me fait un grand sourire. Et alors que je m'éloigne, je lui dis : « Un jour je t'emmène au Paradis, Baby. » Putain, quel froid. Je trotte avec mon petit sac à dos, glacé comme au pôle Nord. Et j'apprends à la radio que ça se réchauffe, il va même falloir bientôt mettre le T-shirt. Les glaciers fondent, la mer monte et les forêts brûlent. Une autre valeur monte : la connerie humaine. Il va bientôt falloir en exporter sur Mars, au niveau actuel, là, ça sature. Et je fais quoi ? Je sais pas. Si t'as pas trop l'âme révolutionnaire, tu la fermes et tu te dissous dans la vie réelle, tu t'éclipses dans la rue. D'accord. Il faut gouverner la rue. Sinon il te reste le miroir pour tenter d'effacer ce rictus. Et je me dis quand même : « Putain, la forêt quand ça crame ! » Sinon, moi je m'en fous : j'en ai pas pour longtemps. Avec tous ces siècles d'Histoire, il est presque mieux de foncer contre un mur à cent kilomètres à l'heure. Mais bon. On va pas se laisser avoir. Il faut déclarer la Guerre Mondiale contre la connerie ! Moi, j'ai dans l'idée d'aller finir mes jours au Tibet. Allez. Quoi. La caissière, c'est pas grave, tu en trouveras une autre. C'est sûr, un jour, je l'emmène au Paradis.

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