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"Corpus", Jean Gédéon

En ces temps d'examens du baccalauréat, Mot à Maux inaugure sa rubrique consacrée au comptes-rendus de lectures. Emmanuel Berland me propose avec amitié le dernier Hélices, « Corpus » de Jean Gédéon. Ainsi le mot est-il défini dans le Larousse : « corpus : Ensemble de documents servant de base à la description ou à l'étude d'un phénomène. » Il est aussi un « Recueil concernant une même matière. » Il va sans dire que toute lecture est une interprétation. L'éclairage suivant m'est tout à fait personnel. Si le poème fait appel à la sensibilité de chacun il en exprime quand même une vérité commune. C'est avec cette conviction que j'ai lu ce recueil. Ici le poète rêve plus qu'il n'est « Dans les lueurs intermittentes / de la folie ordinaire. » Il inspecte son âme... Si l'homme est hanté par les monstres il est aussi un ange dont l'élévation est sans cesse menacée par la chute. L'être assiste à son propre sommeil, s'il rêve « de calme et de sérénité », il est aussi celui où se noient « dans l'antichambre les rêves du passeur. » Face à la mort et à ses mystères l'écriture poétique est la seule capable de maintenir l'élévation. A travers l'utilisation des symboles, Jean Gédéon redéfinit l'espace de la vie quotidienne, redessine les cartes de l'imaginaire et permet l'expression d'images étonnantes : « L'air agité de branches frissonne en toi / comme une fièvre. » ; « Avant d'un dernier souffle éteindre la bougie » ; « Et tu envies les morts à l'ombre des platanes. » Etre enfin lui-même est le rêve du poète, est-ce un rêve impossible ? Face aux explosions du soleil, aux coups de foudres, à l' « Oublieuse mémoire » le poète est celui dont les mots permettent de marcher vers la lumière. Dès lors, il est celui qui « Cherchant ce talisman qui ouvre la porte de l'invisible » est capable de parvenir à « l'ultime diérèse », à la réalisation du Corpus.

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