Si on me demandait quel est l'élément central qui a déclenché ce besoin en moi d'écrire, je dirais sûrement que c'est ma propre mort. Pas celle qui viendra dans quelques années à la fin de cette vie, mais ce séisme qui m'a emmené un 7 octobre 1991, pendant la nuit. Depuis, je n'ai cessé de chercher à comprendre et d'user de ma position dans le ciel pour décrire ce que je voyais. Possible de relater des évènements d'un point de vue un peu élevé, impossible de s'extraire soi-même de cette position, cette course sans fin nous rapproche de l'absurde. Ecrire, c'est un peu ça. C'est user de cet absurde, quand même. "Pour ma mort" condense une expérience que chacun a vécue ou vivra un jour. Pour moi la vie et la mort se confondent depuis cette fameuse date, je ne sais plus ce qu'est la vie, la saveur de se promener sur la plage au soleil. "Pour ma mort" parle d'une mort passée, c'est un peu mettre une plaque sur une tombe pour se recueillir devant un être aimé. C'est aussi un acte de foi. Personne ne me dira ce qu'est la vie, ce qu'est la mort. Et personne ne m'enlèvera de la tête l'idée que je suis mort. "Pour ma mort" parle donc d'une mort survenue au cours de la vie et qui se prolonge. La vie est suffisamment merveilleuse et extraordinaire, les certitudes passées sûrement insuffisantes, nous pouvons nous laisser aller au mystère. Si vous décidez de lire "Pour ma mort", vous n'aurez aucune réponse. La vérité si claire est pourtant si fugitive ! J'ai posé cependant comme acte de foi cette contradiction immense, cette sensation tenace ! Après tout : "Mon au-delà n'a jamais été qu'une tombe vide sous un soleil."
On peut commander ce recueil sur le site des éditions Poiêtês.