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Mot à Maux - Page 47

  • "Pour ma mort"

    Si on me demandait quel est l'élément central qui a déclenché ce besoin en moi d'écrire, je dirais sûrement que c'est ma propre mort. Pas celle qui viendra dans quelques années à la fin de cette vie, mais ce séisme qui m'a emmené un 7 octobre 1991, pendant la nuit. Depuis, je n'ai cessé de chercher à comprendre et d'user de ma position dans le ciel pour décrire ce que je voyais. Possible de relater des évènements d'un point de vue un peu élevé, impossible de s'extraire soi-même de cette position, cette course sans fin nous rapproche de l'absurde. Ecrire, c'est un peu ça. C'est user de cet absurde, quand même. "Pour ma mort" condense une expérience que chacun a vécue ou vivra un jour. Pour moi la vie et la mort se confondent depuis cette fameuse date, je ne sais plus ce qu'est la vie, la saveur de se promener sur la plage au soleil. "Pour ma mort" parle d'une mort passée, c'est un peu mettre une plaque sur une tombe pour se recueillir devant un être aimé. C'est aussi un acte de foi. Personne ne me dira ce qu'est la vie, ce qu'est la mort. Et personne ne m'enlèvera de la tête l'idée que je suis mort. "Pour ma mort" parle donc d'une mort survenue au cours de la vie et qui se prolonge. La vie est suffisamment merveilleuse et extraordinaire, les certitudes passées sûrement insuffisantes, nous pouvons nous laisser aller au mystère. Si vous décidez de lire "Pour ma mort", vous n'aurez aucune réponse. La vérité si claire est pourtant si fugitive ! J'ai posé cependant comme acte de foi cette contradiction immense, cette sensation tenace ! Après tout : "Mon au-delà n'a jamais été qu'une tombe vide sous un soleil."

    On peut commander ce recueil sur le site des éditions Poiêtês.

  • NGC 584

    Comme l'histoire de la Terre, la vie est faite de temps différents qui se succèdent. La poésie est un temps, elle aussi. Comment naît-elle, vit puis meurt... nul ne le sait. Nul ne connaît les réponses ; nous ne faisons que traverser la vie dans des dimensions multiples et variées. La vie est comme un arbre dont les racines plongent dans un passé tumultueux, fortifient les branches... nul ne connaît le destin des arbres. Tout est dans la croissance renouvelée du végétal. En regardant la mer, imagine-t-on que cette eau est venue de centaines de millions d'années, apportée vraisemblablement par des météores ? Imagine-t-on l'éternité qu'il a fallu pour former les premières bactéries, les premiers organismes ? Et maintenant on pourrait tout saccager simplement en claquant des doigts ! N'est-ce pas effrayant ? Regarder à court terme c'est oublier les miracles qu'il a fallu pour que nous soyons au monde. C'est vertigineux. Alors, un poème, c'est tout simplement parier un instant sur quelque chose de merveilleux dans nos vies. C'est s'affranchir d'une aliénation, de cette tendance à s'emballer pour des choses désuètes et sans valeur. Quelles priorités donnons-nous aux choses ? Quelles sont nos attentes, nos envies ? Dans ce temps si court qu'est la vie, que voulons-nous transmettre à nos enfants ? Que souhaitons-nous, simplement, comme vie ? L'histoire humaine s'exprime dans la poésie, ce moyen privilégié que nous avons pour nous élever un peu des marasmes de notre quotidien. Enlever cette énergie, ne pas regarder autour de soi, c'est scier l'arbre à la racine ! L'histoire de la Terre remonte à des temps immémoriaux, la vie s'écoule d'une façon condensée depuis des millénaires, nul ne sait quelle sera l'irrémédiable fin.

  • L'absolu, quand même

    C'est un peu l'effet des temps, Mot à Maux s'est attaché à être au plus près de l'actualité. Pour ceux qui prendraient le train en route, il s'agit bel et bien d'un blog consacré à la poésie. Mais les notes présentes ne sont pas de la poésie : des articles de presse ? oui, peut-être. La poésie part d'une aspiration irrationnelle à se situer dans le monde, elle est déterminée par des manques, une impossibilité à se passer des mots, à échapper à soi-même aussi. Un article, quant à lui, échappe à toute détermination. Parce que certaines questions resteront à jamais sans réponse, il est bon, quand même, de chercher à comprendre, d'apaiser l'agitation qui naît du sentiment de l'absurde. Lorsqu'un individu ou un peuple décide de prendre la plume, c'est parce que ce besoin est irrépressible, qu'il concerne soi et l'avenir. La poésie, ainsi, sera toujours l'expression de la révolte et de la liberté. Elle se confondra avec le journalisme, avec l'engagement politique et les aspirations sociales. Ecriture-artisanat, mouvement d'insecte, il y a quand même dans la poésie ce cri silencieux, ce manque fondamental de réponses. Je l'éprouve, chaque jour au cœur de ma vie. Un manque comblé par cette recherche incessante ! Mais puisqu'il faut bien se résoudre à abandonner les réponses, continuons sur ces chemins multiples, les séparations entre les disciplines ne sont qu'un voile transparent et mensonger. Je continuerai à m'attacher au monde qui m'entoure. C'est ainsi que je peux, un instant, faire reculer l'absurde. C'est ainsi que je peux, un instant, me rapprocher du mystère du monde.