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Mot à Maux - Page 56

  • Préambule

    Déjà le nouvel an, donc bonne année à tous ! Avançant dans le néant, à la lumière du flambeau, Mot à Maux deviendra ce que l'on en fera. Aucune idée de l'écriture avant qu'elle ne se fasse. Aucune certitude sur ce qu'il en sera. L'écriture étant une chose mystérieuse, moitié lucidité, moitié stagnation dans les ténèbres, la poésie qui n'est pas un programme politique ou un projet d'entreprise se construit d'une façon irrationnelle, spontanée, bien que pleine de logique, de sens et de présence acharnée. Donc, nous mettrons toute notre énergie à ce que cette poésie soit présence au monde, révolte envers les maux qui entravent notre liberté, à ce que ce qui sort plus ou moins volontairement de notre esprit soit à même d'évoluer, de compter et de retentir dans le monde. Parce que la poésie n'est pas affaire de rime, parce que ce n'est pas un chant d'amour ni une débauche de sentiments, parce qu'elle est en relation directe avec le plus mystérieux et le plus fort de l'esprit humain, qu'elle évolue sur les frontières du devenir où le mot devient réel, et qu'elle peut même s'évanouir et disparaître au contact du plus mystérieux qui est la réalité, elle est ce qui se rapproche le plus d'une vérité que l'on voudrait universelle. La poésie ne sert à rien ou à pas grand chose, elle est une tentative d'exprimer par le langage un certain ordre, une certaine logique propre à l'esprit humain. Soit. Donc, on peut l'envoyer par la fenêtre. La briser comme un verre de cristal. Puisqu'elle ne sert à rien, qu'elle ne dévoile rien. Revenir au réel, à la formidable diversité du monde qui rend chaque entreprise, chaque point de vue essentiels. Se convaincre que la poésie est une façon exacerbée de se représenter ce monde. Qu'elle n'est pas supérieure, qu'elle est une activité autre, complémentaire, subsidiaire. La conscience du réel, cette confrontation à l'architecture du monde est supérieure à tous les discours. C'est pourquoi nous serons prudents et humbles. A l'écoute et à l'affût de se qui se joue dans le monde, autour de nous ou plus loin. Nous mettrons notre énergie au service du bien général et particulier. Plus question pour moi de faire des poèmes. Plus question que je me convaincs d'écrire en poème. Et si ce que j'écris est rimé, esthétique, rythmé, ce ne sera pas du fait unique de ma volonté mais parce que ce qui était à dire est beau, logique et rythmé. Attentif à la science, à l'écoute des courants d'idées et des discours, très sensible aux questions de nos sociétés, comment pourrais-je me sentir autrement concerné que par ce qui nous regarde tous, l'avenir de nos enfants, la survie des populations et celle de notre terre. Parce que la poésie est un discours en plus et en renfort de l'engagement, elle n'en sera pas si différente. Du fait de toutes les contributions, elle sera au service, et non plus repliée sur elle-même. Le laboratoire, ce sera le monde et non plus le langage. Ce ne sera plus la force d'évocation des mots, mais celle de l'esprit. Mot à Maux sera ce que 2006 en fera. Mon attention sera portée et concernée par ce que m'inspireront le monde, la vie de mes contemporains et l'évolution de l'espèce humaine. C'est dire si je ne rechercherai aucune poésie, aucune beauté au monde, ce sera ce que ce sera. Point. Je n'ai pas trouvé à être par la poésie. Ce ne fut pas un épanouissement mais une douleur. Je suis constitué ainsi et je continuerai de la servir. Je puis espérer aussi trouver autre chose. Nous n'avons qu'une seule constitution par vie. Celle des autres est tellement importante ! La poésie évoluera, l'être évoluera. C'est ce que nous ferons du temps qui nous est imparti qui fera notre identité et qui dira oui ou non si ce que nous avons fait est important. Une nouvelle année, des résolutions et beaucoup de blabla ! Et alors, me direz-vous ? Et alors, vive la poésie !

  • Petite histoire du jour de l'an

    Le big-bang a eu lieu le 1er janvier à 0 heure.

    Nous sommes le 31 décembre à minuit.

     

    En janvier, les premières galaxies apparurent.

    En mai, la Voie lactée

    13 septembre : le système solaire

    17 décembre : les poissons apparaissent sur Terre

    26 décembre : les dinosaures

    28 décembre : les fleurs

    31 décembre à 22 heures 15 minutes : Lucy, notre ancêtre, se met debout 

                        à 23 heures 59 minutes 56 secondes : début de l'ère chrétienne

                        à 23 heures 59 minutes 59 secondes : Christophe Colomb découvre l'Amérique 

                        à 23 heures 59 minutes 59,935 secondes : marche sur la Lune

    blanc

    C'est vrai, on est bien peu de chose... 

  • Hiver

    Débauche de paillettes, flonflons, costumes, coiffures, et pourquoi faire la fête ? Avoir le cœur à la fête ? Comment oublier le désespoir ? la douleur ? Avancer masqué, pour être, paraître, normal, compatible, sensé. Les gens qui crèvent dans la rue ! On oublie ! Avoir sa place, même infime, être dans le cercle, les relations, le piston. Je n'arrive pas à avoir bonne conscience et il y a longtemps que mes certitudes se sont ruinées. Ne plus faire attention, être à la rue. Mendiant, marcher, métro, RER. Indifférence, peut-être pas. C'est quand tu es à la rue, quand tu ne comptes plus, que tu n'existes plus, que tu dors à l'hôtel et qu'il te reste juste de l'argent pour un café le matin. Noël c'est ça, autre chose et pire encore. Froid dedans, froid dehors, il pleut, ça transpire, ça glace, ça arrête le cœur presque, ça tue aussi souvent. Un mot, un autre, écriture, phrases, aisées, sensées, attentives. Ecrire comme ça transpire, comme ça remue, comme ça arrache le cœur. Et puis quoi ! ça dure longtemps ? Sous les ponts ? Même pas dans le métro, non, ailleurs, loin de soi, où ça s'apaise, où ça fait moins mal. Tu écris quoi ? Tu ratures ? Tu penses à quoi ? Ca presse ! Mots, phrases, vite ! Publicité, horreur ! Schizophrénie. Et puis appel à la radio, alerte grand froid prévu, - 14 degrés dans l'indifférence, dans la haine, ça tue. La télé, musique, spectacles et films. Bonne humeur. Tout va bien. Tu oublies quoi ? Lui ? L'être, derrière. Au moins, on en parle un petit peu. Ca fait bien, c'est bien, c'est prouvé dans les chiffres. Noël, un jour, ça s'en va, ça suffit. On peut peut-être penser à autre chose ?