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La revue des revues

  • ARPO, la poésie

    Le site de l’association ARPO (créée en 1982 à l’initiative de Jean-Lucien AGUIÉ et Gérard CATHALA) présente un large éventail de revues de poésie, contemporaines ou anciennes, et demeure un témoin de notre histoire. Parmi elles, de nombreuses publications prisées par les surréalistes… La revue a été majoritairement plébiscitée au 20ème siècle par la plupart des écrivains. La collection ARPO parcourt surtout les années de 1950 à nos jours. Notre temps n’a rien inventé, nos revues sont la continuation des enseignements de nos ainés. L’association a pour but de « sensibiliser le public à la création poétique d’aujourd’hui en faisant découvrir et mieux connaître les REVUES DE POÉSIE. » Elles sont nombreuses, voire innombrables. Bien sûr, il s’agit d’une mission de sauvegarde, d’un devoir de mémoire, mais aussi d’un questionnement : qu’allons-nous laisser comme trace de notre époque aux générations futures ? Le poème sera toujours vivant. Grâce au développement de l’imprimerie, chacun a désormais accès à la création d’une revue de poésie. Avec un peu d’huile de coude et d’acharnement, il est facile de faire partie du champ éditorial actuel. Alors, quel sens donner à l’existence d’une revue ? Chacun apporte sa propre pierre à l’édifice, espère exister en tant que voix. Cette démarche est louable car elle permet l’expression de toutes les sensibilités. Défendre une certaine écriture, c’est affirmer un état d’être, une position sociale. La question sociale aujourd’hui est incontournable en matière de poésie. Le développement des salons, des lectures, des rencontres de tout genre, permettent la démocratisation de la parole. C’est peut-être cela la marque de notre temps. Alors que les revues étaient réservées à quelques voix émergentes, la revue aujourd’hui est ouverte à tous, poètes ou simples spectateurs. La parole s’est diversifiée. Désormais la poésie est multiculturelle, multiple, proche du peuple comme des élites. Le message politique est largement dépassé. Là aussi la crédibilité de nos gouvernants a subi des revers. On ne fait plus confiance aux dogmes, aux recettes, aux idées qui doivent nous diriger. La préférence va à l’expression de chacun, dans sa bulle, dans sa sphère. La poésie se fait par des individus et non plus par des idées. C’est peut-être regrettable. Mais la poésie revendiquée en termes de parole, ne peut-elle pas résister à cette contradiction ? La poésie devient accessible à tous, et partout. La revue est un témoin de ce temps où chacun veut exister, indépendamment de sa solitude. Faire partie de… représenter untel, vouloir parler autour de soi… Créer une revue est un acte sacerdotal. Cette démocratisation de la littérature, dans le domaine qui nous préoccupe, permet d’être optimiste. Désormais toutes les voix se rencontrent, se partagent, fusionnent. Peut-être est-ce une révolution sociale inconsciente. Un avènement salvateur. La boucle est refermée, mais reste ouverte à jamais dans les esprits des acteurs de la poésie aujourd’hui. L’expression désormais est libre, soumise aux idées de chacun. ARPO témoigne de cette avancée contemporaine qu’est la revue de poésie. Cette précieuse association œuvre pour la conservation de la parole et sa démocratisation. Une certaine idée de la littérature est en marche. Dans nos colonnes éditoriales, souhaitons que cette parole soit entendue afin que tout ne soit pas vain. Le combat pour l'expression est un héritage commun, acquis au terme de révolutions. Plus que jamais le verbe est devenu urgent, incontournable. C’est grâce aux idées de chacun qu’un engagement prend tout son sens. Il n’y a pas de petites idées, de petites revues. Il n’y a que la rage d’exister de la part des poètes. Et cette maladie-là est inguérissable.

    http://www.arpo-poesie.org/

     

  • Virgule

    Très loin de la Star Academy et des flonflons de la télé, « Virgule est un projet protéiforme et hybride », une énergie souterraine comme il en existe un peu partout (y en a qui aiment pas, y en a qui disent que l'underground met de la confusion dans les esprits de nos jeunes - c'est pas carré, ça passe mal à la brosse à reluire, je ne citerai pas de noms, suivez mon regard) et qui met un peu d'intelligence dans ce marasme plat, un peu de vie dans un électrocardiogramme ras la moquette et qui pourrait finir par nous engloutir dans le néant total en faisant de nous des robots. C'est pas commercial, et la plupart du temps c'est distribué à la sauvette à la sueur du front de ceux qui la confectionnent, Rodolphe Olcèse en tête. Le numéro 1 a été un recueil de 64 pages tiré à 300 exemplaires vendus (le plus souvent donnés) déposés en librairies à Paris et à Cherbourg. Virgule 2 a été une séquence de film : « I wanna be your rom », diffusée en festivals. Virgule 3 est un « fanzine » de 12 pages, photocopié en 50 exemplaires et distribué gratuitement de manière aléatoire. Le numéro 4 paru en juillet est de nouveau une revue de 28 pages ; il peut être adressé gratuitement contre une enveloppe timbrée, ( se renseigner à l'adresse : rodolphe@lenversdugeste.com ) ou téléchargé librement au format pdf. « Rien n'est tranché pour les prochains numéros » me dit Rodolphe Olcèse (qui a été publié dans Mot à Maux n°5), mais les idées sont nombreuses pour cette association qui organise aussi des concerts de rock et des projections. On peut consulter le site de l'association à cette adresse : http://www.lenversdugeste.com/. Virgule est un témoignage de la résistance de la création contre l'univers carcéral qui gouverne nos vies. Un peu de désordre n'a jamais fait de mal à personne, surtout quand ce désordre contribue à mettre du sens dans nos vies.

  • Paroles de Verso

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    C'est la rentrée littéraire, mais la poésie n'a pas de saisons. Elle circule un peu partout mais elle est sans cesse menacée de naufrage. A la lecture de la Revue des revues du numéro 126 de l'excellente revue Verso, je me dis que vraiment il existe beaucoup de publications, pas mal que je ne connais pas, et beaucoup d'énergie ! Mais y a-t-il assez de lecteurs ? Comme le dit Gérard Fabre dans Ici é Là n°4 : « La poésie était déjà une marge de la création littéraire, c'est devenu une marge de la marge. » C'est vrai, tant qu'à lire un bouquin ou un magazine, autant lire un canard avec pleins de ragots, le dernier Sarkozy ou Marie-Claire... Et pourquoi aller perdre son temps à lire des gars inconnus qui écrivent d'une manière assez bizarre et qui de toute façon ne représente rien sur la scène médiatique ? Et encore pourquoi un individu lambda scotché devant sa télé irait lire un truc tout seul dans son coin, alors qu'au programme il y a un nouvel épisode de la Star Académie ? Eternel combat entre une idée de la culture et le désert médiatique. Certes, il existe toutes sortes de magazines sur tous les sujets (du papier glacé périodique à consommer rapidement) mais demandez autour de vous qui a lu dans l'année un recueil de poèmes ou une revue de poésie, vous serez surpris de vous retrouver tout seul au milieu d'un désert ! Evidemment, c'est le boulanger qui se plaint de ne pas vendre assez de pain...C'est peut-être un mauvais boulanger, ou personne n'a assez d'argent pour en acheter. C'est ça : il vit dans un désert et les gens crèvent de faim parce que c'est comme ça et que de toute façon, il ne faut pas espérer que le monde change : le monde, ça bouge à coup de canons, le pouvoir, ça ne circule pas entre toutes les mains et de toutes façons les gens sont égoïstes. Alors, la poésie, tu penses bien que personne n'en a rien à foutre. Verso dans lequel est rapportée la formule de Gérard Fabre : « La poésie n'est pas une expression unique. Elle est multiple. » C'est vrai que Verso ne connaît pas de chapelle, à l'image des éditions Cadex. Alain Wexler dit dans sa préface : « Ainsi la langue avale tout le corps. La langue a ses chemins. Un chemin avale tout le corps. Un chemin tout droit, moins bien qu'un chemin courbe parce que dans la nature, la ligne droite n'existe pas. » Faudrait-il entendre que la poésie ne se donne pas d'emblée ? Qu'elle nous impose de sortir de nos chemins coutumiers ? Et qu'elle n'est pas une unique vérité mais une multitude de points de vues ? Ainsi, peut-être un de ses plus fabuleux destins serait d'investir tous les domaines de la pensée et de la création. Rêvons d'une cité idéale où les idées ne seraient plus formatées mais où la pensée appartiendrait à tous. C'est bien là que la poésie pourrait reprendre un nouveau souffle ... Certes, il faut bien croire que les choses se font peu à peu et que tous les efforts seront récompensés : la poésie pourrait survivre ainsi. Pour revenir à Verso, une autre citation d'Alain Wexler : « La femme dit : " Je suis contre toi, au pied du mur et contre ce mur, je colle une affiche où je te dessine et j'écris qui tu es". » Voilà bien un des buts de la poésie de nous proposer de nous retrouver nous-même, de parcourir d'autres chemins, véritable essence qui peut remplir la vie. Verso propose de multiples pistes et de multiples auteurs, à chacun de faire son choix, à chacun de se connaître et de se faire sa propre conception de l'écriture. A chacun d'apporter à l'édifice sa propre pierre.

    Verso : Alain Wexler, Le Genetay, 69480 Lucenay. Le n° : 5,50 euros. Abonnement : 20 euros (4 n°)