La Barbacane a publié son dernier numéro "Pour saluer Charles Minetti". Il s'agit de rendre hommage à un mort, à un poète mort comme il y en a toujours eu et comme il y en aura toujours. La vie est brève. Et puis nous n'avons qu'une seule constitution : ce que l'on fait du tout début jusqu'à la fin c'est ce qui nous fait, c'est l'empreinte que nous laissons, un écho de nous-même. La poésie est davantage que nous-même, elle nous dépasse, anticipe souvent sur notre propre destinée. L'homme vit quelques années puis part. Scandale ! A peine est-il lui-même qu'il doit partir sans savoir même où le vent soufflera sa poussière ! Ce qu'il laissera sera un peu le monde et un peu sa propre vie dans le monde. Et puis, il y a tous ces principes, ces lois qu'il essaie de découvrir, la croyance d'un ordre inné dans le langage. Certes. Il y a tout ça dans la vie. Pourquoi pas, après tout. Pour ma part, je crois à l'harmonie relative de la conscience, relative car sans cesse l'être est malmené, mais harmonie quand même car les leçons apprises ne l'ont pas été en vain. Aboutir à la sagesse, à la connaissance, voilà ce que permet la poésie. Plus, cette subjectivité qui est soi et celle de l'ordre du monde. La poésie est un chemin vers un peu de repos dans cette vie. Que souhaiter de plus ? Les lois appartiennent à la physique, la compréhension du monde est multiple, en rapport avec tous les domaines de la pensée, la religion, la science... Quelle paix peut être engendrée par un semblant de connaissance ? Comment espérer savoir parfaitement l'ordre des choses ? Comment en faire une condition de la tranquillité ? Non, c'est l'harmonie relative dans le monde qui peut apporter une paix relative à l'âme. La connaissance, elle, sera toujours le désir de l'homme jusqu'à la fin des temps. Il convient d'apprendre à vivre. La poésie est cette capacité à être dans le monde. Qu'attendre de plus dans une existence aussi courte ? Une seule constitution par vie... Et cela, c'est tout ce qui nous préoccupe. La Barbacane a publié son dernier numéro "Pour saluer Charles Minetti". Il s'agit de rendre hommage à un mort. La vie est brève.
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La Barbacane
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Les Cahiers de l'Alba, spécial Rimbaud
Le dernier numéro des Cahiers de l'Alba est consacré à Rimbaud autour de la question : "Comment, poètes d'aujourd'hui, voyons-nous l'aventure du Voyant et son mystère ?" Des extraits de "Jean Nicolas Arthur Rimbaud", un hommage poétique d'auteurs paru aux éditions L'Harmattan dans la collection Exclamationniste, l'expression de différents poètes qui parlent librement de leur ancêtre ; chacun apporte sa pierre à ce numéro qui prouve que Rimbaud vit en chacun de nous d'une façon toujours aussi vive. Voici quelques extraits des contributions à ce numéro. Pour Daniel Leutenegger, "Rimbaud a brûlé tant d'étapes, tout en travaillant à une allure vertigineuse toutes les figures de style poétiques de son époque. (...) Arrêt brutal : Rimbaud ne veut plus entendre parler de poésie et c'est bien ce qui le sauve de la folie. (...) Arthur a toujours 7 ans et dès qu'on lui reparle de littérature, il répond agressivement : "Je ne pense plus à ça"..." Pascal Ludovic Saissi, dans son dossier « Rimbaud et le Net », affirme qu'il "n'aurait pas désapprouvé notre utilisation de la grande toile. Car il était curieux de tout, ce qui l'a emmené à arpenter toute l'Europe en quête de nouvelles découvertes." Pour Daniel Brochard "cette poésie est sans cesse en mouvement. Rimbaud a conscience d'un chemin à parcourir, et vite, très vite, le plus vite possible. S'il faut partir, c'est qu'à chaque instant il s'agit de trouver du neuf." Jean-Luc Wauthier dit : "Celui qui aujourd'hui n'aime ni ne comprend Rimbaud est condamné à ne rien comprendre à la poésie contemporaine et, surtout, aux poètes majeurs des vingtième et vingt et unième siècles. (...) Il est notre contemporain capital. Il nous survivra." Louis Delorme rappelle : "La vraie vie, c'est aussi la vraie parole, pour les poètes maudits. Maudits, ils le sont parce qu'ils sont entravés par le langage de l'époque, devenu conventionnel au possible, à force d'être rabâché, langage qui présente pour le moins un sérieux besoin d'être dépoussiéré." Roger Gonnet, s'interrogeant sur le progrès en poésie dit : "Que demander à la poésie pour qu'elle continue à vivre, sinon qu'elle reste authentique, qu'elle traduise vraiment une émotion, une pensée, une réflexion, qu'elle respecte la qualité du chant dans la forme et dans le fond, qu'elle garde couleur, force et vitalité c'est-à-dire qu'elle soit et reste en bonne santé. (...) Le rôle du poète est, il me semble, en s'interrogeant, de tenter d'exprimer l'essentiel devant les énigmes et les révélations, de combattre une entropie qui conduirait naturellement au néant." Orlando s'interroge sur l'image absolue de Rimbaud : "En même temps qu'il bouleverse la structure formelle de l'expression classique, Rimbaud repense l'imaginaire de fond en comble, balayant impitoyablement la "vieillerie poétique" (...) Aujourd'hui, que des flots d'encre ont noirci des montagnes de papier, on commence seulement à mieux comprendre le poète, à voir à la place du mythe un être de chair et de sang, un adolescent semblable à tous les adolescents. Avec des capacités certes suraiguës, surpuissantes, surmultipliées, mais tout de même un être semblable à celui que nous sommes ou avons été, et plus encore à celui que nous aurions voulu être, ce qui nous le rend cher particulièrement." Enfin, je finirai par ces mots de Pascal Ludovic Saissi : "Au terme de sa remontée de l'enfer, quand la lucidité lui permet de comprendre qu'il vit en Occident, malgré toutes ses tentatives d'orientalisation, le véritable labeur du poète est la réalité "rugueuse à étreindre". Cette formule finale nous permet de comprendre à livre ouvert l'ambition de Rimbaud : revenir au réel, même si le créateur peut s'y abîmer." Ce numéro est la somme de tous les talents et de l'intelligence de tous les auteurs qui y ont participé. Un éclairage important sur le poète mais qui rend compte aussi de la sensibilité contemporaine d'écrivains qui continuent au jour le jour leur travail d'écriture et de questionnement.
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Microbe n°31
Je reçois le nouveau Microbe plus que jamais allumé. Son but : « diffuser une littérature sans autre prétention que celle de diffuser une littérature sans la moindre prétention mais peut-être pas vraiment inutile. » Rappelons que l'écriture est une affaire d'esprit, qu'aligner des mots est accessible au profane. Un poème est une affaire d'engagement aussi spirituel que social. Il faut être un peu fou pour écrire, ou comprendre que rien ne va plus, que le sens nous échappe et qu'il faut le rattraper. Alors il convient de courir vite, parce que le sens ne vous attendra pas ! Soyez vigilants et ne sombrez pas dans la folie ! Là, à la frontière, vous puiserez à la source et ce que vous direz sera essentiel. Microbe accueille des poèmes qui ont une langue, un sens, et la forme d'un engagement. D'où viennent-ils ? Quelles mains les ont créés dans l'ombre ? Oui, tout est une affaire d'ombre, d'influence et de travail solitaire. Si la poésie peut donner un sens supportable à la solitude, si elle peut matérialiser un engagement, alors n'est-elle pas perdue pour tout le monde. Une revue donne sens à la poésie, bien avant l'édition en recueil. Microbe est une revue qui survit dans l'ombre. Lire Microbe demande un effort, une attention. Demandez autour de vous combien ont Microbe dans leur bibliothèque ! Alors on vous prendra pour un fou, un original, et vous ferez rire parce que cela rappellera l'enfance de ceux qui n'ont pas de rêves. Les mots sont notre arme, et la seule arme de Microbe. Pas de théorie, pas de phrases complexes, pas d'analyses maniaques, juste la proximité du texte et l'impression que quelqu'un, quelque part, a voulu nous dire quelque chose. Alors, le sens, tout cela, c'est affaire de chacun, c'est selon ses disponibilités, ses désirs. Microbe existe et c'est déjà quelque chose. Ensuite, qui sait vers quel horizon se propagera la maladie ? Textes de Eric Allard, Pierre Autin-Grenier, Marc Bonetto, Jacques Carrier, Daniel Charneux, Alexandre de Wind, Laurence Emily, Pascal Feyaerts, Joaquim Hock, Frédérick Houdaer, Jean L'Anselme, David Sabini, Bruno Toméra, Alice Van Windekens et Lila Widmer. Dessins de Perlette Adler.
Eric Dejaeger : Launoy 4, (B-) 6230 Pont-à-Celles (Belgique). Textes, renseignements et abonnement : rvmicrobe@yahoo.fr
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