Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Mot à Maux - Page 32

  • Paroles de Verso

    medium_Verso126.jpg

    C'est la rentrée littéraire, mais la poésie n'a pas de saisons. Elle circule un peu partout mais elle est sans cesse menacée de naufrage. A la lecture de la Revue des revues du numéro 126 de l'excellente revue Verso, je me dis que vraiment il existe beaucoup de publications, pas mal que je ne connais pas, et beaucoup d'énergie ! Mais y a-t-il assez de lecteurs ? Comme le dit Gérard Fabre dans Ici é Là n°4 : « La poésie était déjà une marge de la création littéraire, c'est devenu une marge de la marge. » C'est vrai, tant qu'à lire un bouquin ou un magazine, autant lire un canard avec pleins de ragots, le dernier Sarkozy ou Marie-Claire... Et pourquoi aller perdre son temps à lire des gars inconnus qui écrivent d'une manière assez bizarre et qui de toute façon ne représente rien sur la scène médiatique ? Et encore pourquoi un individu lambda scotché devant sa télé irait lire un truc tout seul dans son coin, alors qu'au programme il y a un nouvel épisode de la Star Académie ? Eternel combat entre une idée de la culture et le désert médiatique. Certes, il existe toutes sortes de magazines sur tous les sujets (du papier glacé périodique à consommer rapidement) mais demandez autour de vous qui a lu dans l'année un recueil de poèmes ou une revue de poésie, vous serez surpris de vous retrouver tout seul au milieu d'un désert ! Evidemment, c'est le boulanger qui se plaint de ne pas vendre assez de pain...C'est peut-être un mauvais boulanger, ou personne n'a assez d'argent pour en acheter. C'est ça : il vit dans un désert et les gens crèvent de faim parce que c'est comme ça et que de toute façon, il ne faut pas espérer que le monde change : le monde, ça bouge à coup de canons, le pouvoir, ça ne circule pas entre toutes les mains et de toutes façons les gens sont égoïstes. Alors, la poésie, tu penses bien que personne n'en a rien à foutre. Verso dans lequel est rapportée la formule de Gérard Fabre : « La poésie n'est pas une expression unique. Elle est multiple. » C'est vrai que Verso ne connaît pas de chapelle, à l'image des éditions Cadex. Alain Wexler dit dans sa préface : « Ainsi la langue avale tout le corps. La langue a ses chemins. Un chemin avale tout le corps. Un chemin tout droit, moins bien qu'un chemin courbe parce que dans la nature, la ligne droite n'existe pas. » Faudrait-il entendre que la poésie ne se donne pas d'emblée ? Qu'elle nous impose de sortir de nos chemins coutumiers ? Et qu'elle n'est pas une unique vérité mais une multitude de points de vues ? Ainsi, peut-être un de ses plus fabuleux destins serait d'investir tous les domaines de la pensée et de la création. Rêvons d'une cité idéale où les idées ne seraient plus formatées mais où la pensée appartiendrait à tous. C'est bien là que la poésie pourrait reprendre un nouveau souffle ... Certes, il faut bien croire que les choses se font peu à peu et que tous les efforts seront récompensés : la poésie pourrait survivre ainsi. Pour revenir à Verso, une autre citation d'Alain Wexler : « La femme dit : " Je suis contre toi, au pied du mur et contre ce mur, je colle une affiche où je te dessine et j'écris qui tu es". » Voilà bien un des buts de la poésie de nous proposer de nous retrouver nous-même, de parcourir d'autres chemins, véritable essence qui peut remplir la vie. Verso propose de multiples pistes et de multiples auteurs, à chacun de faire son choix, à chacun de se connaître et de se faire sa propre conception de l'écriture. A chacun d'apporter à l'édifice sa propre pierre.

    Verso : Alain Wexler, Le Genetay, 69480 Lucenay. Le n° : 5,50 euros. Abonnement : 20 euros (4 n°)

  • Spleen IV

    Savoir si je suis rentré, si je suis sorti, si je suis là, si je ne suis pas là... quelle importance ! Je ne suis pas là pour raconter ma vie. Ce n'est pas un journal intime destiné à rivaliser avec celui de monsieur ou madame X ou Y. Je me suis jeté par la fenêtre depuis longtemps. J'ai fermé ma sale gueule qui parlait toute seule, ma face de perroquet braillard et indiscipliné. Je n'ai rien à dire sur la météo, sur le chat de la voisine, sur la gâteau brûlé dans le four, sur la face de rat du type en face. Ca ne me concerne pas les trucs, les machins sensés faire bon chic bon genre. Parfois, j'aimerais jeter ma sale tronche dans une poubelle, y mettre le feu et regarder le brasier. Putain de moi, horreur d'être Je, il faut définitivement abolir la connerie et si la connerie est en soi, il faut la découper tranche par tranche et la donner aux cochons. Je dis Je, moi, toutes ces horreurs, mais il faut bien croire que je suis ailleurs et que ma rage autorise ma fuite. Alors, je fuis du tombeau où je suis resté, je me volatilise du lit où je suis mort, je me traîne dehors. Je l'ai vu de mes yeux. J'ai ressenti physiquement mon absence. Je sais que je suis là-bas. Je donne la mort et je fuis. Je vous autorise à jeter votre ordinateur par la fenêtre. Je vous autorise à sortir et à vous taper la tête contre les murs. Je ne vous dirai pas ce que j'ai mangé, où je suis parti en vacances, les histoires de voisinage m'ennuient. Alors, ça reste là la stupidité de l'être humain, sa bêtise, sa manie de tout raconter. Je suis et je veux être ailleurs. C'est bien mieux comme ça, non ?

  • Fermé

    Mot à Maux s’absente une semaine. Les volets de la maison seront fermés. Le courrier restera muet et les oiseaux sur les fils électriques seront tranquilles. A bientôt et soyez sages !