Mot à Maux s'est déplacé à Montaigu ce samedi, cité médiévale de 4821 habitants au nord de la Vendée. Premier voyage scolaire pour cet enfant turbulent, déjà ! Petit village fort sympathique en tout cas et qui a vu se réunir quelques deux cents écrivains. A quatre vingt dix pour cent de romans bien sûr. Mais je n'étais pas venu pour ça et je n'ai pas été déçu !
Qu'est-ce qui ressemble le plus à un salon qu'un autre salon ? La question reste posée quand on considère la pléiade d'auteurs qui viennent délivrer leur signature... Ok, il faut pas cracher dans la soupe (petit enfant turbulent !), il en faut pour tout le monde, des historiques, des pas historiques, des biographiques, des autobiographiques. Et puisque tant de personnes ont quelque chose à dire, laissons-les parler !
Nous, nous sommes différents, nombreux aussi, mais différents. Notre rage s'exprime par d'autres mots, d'autres façons de tourner les pages. Allons, enfin quoi, nous étions venu pour rencontrer quelques poètes (les 0,2 % de l'édition actuelle).
Franck Roy, dont je parlais page 46 de la revue tenait le stand Echo Optique, à côté de Soc et Foc et de L'idée bleue. Lise Cassin (qui anime des ateliers d'écriture), Régine Albert (qui publie un premier roman), Thierry Piet (prêtre à Luçon), tout ce beau monde anime avec passion depuis 1989 une édition de qualité. Chaque livre est une aventure particulière, mêlant étroitement textes et illustrations. Avec deux titres par an, Echo optique a publié une vingtaine d'écrivains dont Emmanuel Berland, Clod'Aria, Antoine Emaz, Hervé Lesage, James Sacré...
En poésie, il convient de prendre son temps, celui de vivre, d'écrire, de se livrer corps et âme à cette activité, se dire que c'est essentiel. Un manuscrit proposé en décembre a suscité l'intérêt d'Echo Optique et de Pays d'Herbe. Ce salon m'a permis de rencontrer des personnes dévouées à une poésie de qualité, loin de cette édition à compte d'auteur qui ruine tant de cœurs adolescents. L'auteur doit prendre le temps d'assumer pleinement tous les aspects de son oeuvre, et pour cela il est évident que seule la lecture permet l'ouverture d'esprit nécessaire à la confrontation des idées. Un éditeur représente un certain climat, une certaine ouverture, une sensibilité qui diffèrent de l'un à l'autre. Un auteur qui ne lirait aucun livre, qui ne ferait pas l'effort de s'ouvrir à la création dans tous ses aspects, serait un auteur borgne, infirme, bancale. Un auteur s'inscrit toujours dans une histoire, celle d'écrivains passés. C'est alors que, se situant, il apporte la touche nouvelle et particulière qui le caractérise.
Je pense que Louis Dubost serait d'accord avec cela. L'écrivain et l'éditeur ont une aventure commune qui est de porter un livre vers un public déterminé. Un boucher ne vend pas de pain, un dentiste ne soigne pas les mots de tête (et encore !), un éditeur de roman n'a que faire de vos poèmes. Il ne tient qu'à l'écrivain de savoir se situer sans se trahir, sans trahir celui qui l'honore. Un respect mutuel doit s'instaurer.
Louis Dubost, homme de très grande gentillesse, se tenait assis, fumant sa pipe. Après avoir guetté un instant et que son interlocuteur s'en aille bien, j'osai quelques paroles. Une première rencontre importante pour Mot à Maux, puisque Dubost a pu me donner quelques pistes pour promouvoir la revue.
J'ai bien lu quelques lignes de romans... histoire de me rendre compte. Il est vrai, je suis ignorant de la publication actuelle d'auteurs tels que Ragon, Michelet, Durieux ou Rouaud. Mais bon, à chacun son domaine... En tout cas, dans la poésie je me retrouve assez bien parmi la publication de textes qui font appel à l'âme, à la raison, à l'inconscient. Tous ces mots permettent de se situer, d'exprimer l'essentiel. Et que cherchons nous de plus ? Fort de mes 0,2 % de poésie, heureux de ces rencontres, Mot à Maux s'en est allé reprendre le train.
Attente un peu sur le quai direction la Roche sur Yon. Une heure de train jusqu'aux Sables d'Olonne, des souvenirs plein la tête et le soleil qui déclinait la haut vers l'horizon.