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  • Important

    Après les récentes notes écrites sur Mot à Maux, j'ai décidé de supprimer la photographie d'illustration. Traitant de sujets d'actualité en plus de l'actualité poétique, elle n'était plus en accord avec le ton employé. Une autre devrait venir bientôt.

  • A quand la fin de l'horreur ?

    J'ai décidément beaucoup de mal à me mettre à la poésie en ce début d'année. Je viens en effet de tomber sur des images d'une barbarie inimaginable, de ces photographies qui vous remuent le cœur et vous donne une douloureuse nausée. Qu'il est pénible d'écrire ces quelques lignes ! Qu'il est difficile de se représenter une quelconque importance à la poésie ! Ne serait-ce pas seulement vouloir demeurer, éviter l'oubli de soi et du monde ? Autorisons l'esprit humain. Certes. Et considérons aussi que rien ne vaut l'engagement, la sensibilité de l'être au monde. Ce qui est ailleurs n'est pas si loin. Ce qui est ailleurs doit nous interroger sans cesse pour qu'ici soit aussi un ailleurs. Regarder des corps éclatés, déchirés, méconnaissables, au-delà de l'émotion que cela suscite, engage aussi notre quotidien. Je dis que parfois, il est indécent de faire la fête. Que parfois, certaines choses interdisent de se comporter comme un enfant. Ce qui est ailleurs nous engage aussi ici, et cela donne une autre couleur à notre quotidien. Il est impossible de regarder ces images sans être profondément ému et bouleversé. La guerre contre l'Iraq commencée en 1991 a mis sur l'écran de télévision l'horreur. Ce qui se passe est loin de ces frappes dites chirurgicales. Ce que vit le peuple iraquien, après avoir souffert de la terrible dictature d'un dictateur sanguinaire, nous sommes loin d'en mesurer la dramatique importance. L'embargo instauré a causé des centaines de milliers de morts. A la barbarie de Saddam Hussein a succédé une autre barbarie tout aussi pernicieuse. Nous sommes loin d'en imaginer toute l'horreur. Le drame iraquien est similaire à ceux qui ont fait le XXème siècle un siècle si sanglant. Un père et son fils, une administration belliqueuse, des hommes aveuglés par un patriotisme exacerbé, en dépit de toutes les voix qui s'élèvent, et voici une vengeance qui déferle sur le monde, un instinct de survie qui permet à tout ce que l'humain possède de macabre et de bestial d'inonder la scène internationale, c'est une véritable croisade qui s'est engagée au dépend d'un peuple tout entier. Une vitesse supplémentaire a été engagée après les attentats du 11 septembre. L'horreur s'est rajoutée à l'horreur, la vengeance à la vengeance. C'est encore un enfant qui meurt. C'est encore une femme éplorée qui va maudire la vie ! Qu'a gagné le peuple iraquien dans tout ça, victime de la guerre, du dénuement et des attentats meurtriers ? Jusqu'où prolonger sa souffrance ? Les photographies que je viens de regarder sont l'horreur humaine à l'état brut. Enfants, soldats, femmes, vieillards, adolescents, corps calcinés, estropiés, méconnaissables ! Et toujours la douleur, la haine ! Parce qu'on imagine mal ce que peut faire une bombe, parce qu'il est des choses inconcevables et pourtant qui existent, il convient de regarder ces photographies avec toute la compassion et la révolte qui sont dues. On peut fermer les yeux sur l'horreur, on ne peut pas fermer son cœur.

     

  • Nouakchott Light

    93 motards, 67 équipages en voitures, 33 camions parmi 574 partants viennent de finir la course accompagnés de 18 avions, 8 hélicoptères et des centaines de véhicules d'assistance arrivés à Dakar, capitale du Sénégal. Dégageant ses vapeurs huileuses éjectées par des moteurs tournant à 150 km/h dans les déserts, les villages et les zones magnifiques du Maroc, ayant traversé le Portugal, le Mali, la Mauritanie et le Sénégal, financée largement par Total et les fournisseurs officiels tels que Elf, Euromaster, Renaud, médiatisée par France 2,3 et 4 et les fédérations de sports automobiles, toute cette caravane, arborant ses drapeaux, sa mécanique graisseuse et infecte vient de se tailler une nouvelle place magistrale au Panthéon de la connerie. Que certains aiment à foncer à vive allure en claquant des millions avec arrogance est une chose, mais que ceux-ci exhibent leurs frissons individuels dans les villages et sous les yeux d'une population vivant dans une forte précarité sans s'insurger plus malheureusement, en serrant dans leurs poings le symbole de leur civilisation conquérante, dans l'indifférence la plus totale et la plus obscène, et que cela se fasse depuis 28 ans d'une façon institutionnalisée et de plus en plus aveugle et hypocrite me paraît tout à fait écœurant. Nous n'avons vraisemblablement pas la même notion de la décence. Hurler et brandir des bouteilles de champagne en agitant sa fierté est accessible au premier chauffard venu, appuyer à fond sur un accélérateur dans une région aussi menacée, fragile et démunie sans se poser d'autres questions est un enfantillage des plus primaires. Il n'y a aucune gloire à imposer sa toute-puissance en se sentant légitime (mais cette masse de muscles et de ferrailles se pose-t-elle vraiment la question ?), à propager la fierté d'un néo-colonialisme dont les valeurs ne reposent que sur l'argent et la possession. Mais quel est le sens de cette épopée des temps modernes pour classe moyenne en manque de sensations dans un monde transpercé par les inégalités, l'injustice et la misère ? Où se tient réellement l'échange culturel, l'indispensable entraide économique nécessaire à un nouveau rapport Nord-Sud ? Comment peut-on espérer à coup de millions et à l'allure effrénée d'une course établir quoi que ce soit de durable entre les populations ? Est-ce ici l'image que nous voulons donner de notre civilisation ? Quels enjeux économiques y a-t-il ici sinon une course qui essaie tant bien que mal de se donner bonne conscience ? Nous sommes habitués à ce que le monde et les déserts nous appartiennent, à contempler notre image dans tous les mirages du monde. A avoir entre nos mains nos bagnoles, nos plans GPS ! Le monde c'est Disneyland ! Une vaste attraction quoi ! Pour ma part, tout ce tapage me fait vomir. Arriver premier ou second, savoir quels ont été les ennuis mécaniques, le plan de course et le nombre de chameaux croisés, savoir si ma moto servira comme il faut l'image de mon sponsor, la part d'audience que fera mon écurie à la télévision et en combien de temps j'arriverai d'un point à un autre en ayant coupé ma respiration, tout cela m'est encore bien égal ! Nous vivons des temps modernes et vive la civilisation !