Non, je ne vais pas parler de ceux qui se cachent derrière des idées de pouvoir et prennent pour alibi le fait de leur légitimité constitutionnelle, je ne vais pas parler de haute trahison ni de la sanction pénale encourue par un ministre qui appelle à ne pas appliquer une loi, je ne vais pas parler de trois millions de personnes qui manifestent dans les rues, je ne vais pas dire que devant tous les excès du pouvoir de l'argent il convient de reprendre les cartes en main et de porter un coup afin que toutes les forces vives s'expriment enfin, je ne vais pas dire qu'il est temps de revenir à des questions essentielles sur le devenir de nos sociétés et du monde... mais quand même ! Il est un temps où dire devient plus urgent que tout le reste.
Certains disent : "Un étudiant est fait pour étudier" ; "Un ministre est fait pour gouverner" ; "Le pouvoir doit être exercé par ceux qui le détiennent" ; "La jeunesse doit fermer sa gueule" ; "Passe ton bac, tu verras après" ; "Les jeunes sont des tas de faignants". D'autres disent les pires horreurs et, comme il est d'usage dans les milieux fascistes, stigmatisent une partie de la population. Tous voudraient revenir à l'ordre souverain, gommer les aspirations à la liberté, agrandir les prisons et multiplier les charters, construire de plus en plus de barrières entre les hommes et les civilisations. Tous pensent que les différences opposent au lieu de renforcer, qu'il faut revenir à un ordre où toute contestation soit irrémédiablement réprimée... Quel dégoût m'aspirent ces discours xénophobes et fascisants ! Alors que la liberté de chacun est dans le respect de la différence, dans l'acceptation de concepts nouveaux, raisonnés et motivés, qu'il est urgent d'ouvrir les bras au voisin, au frère, à l'opprimé, que rien ne justifie la haine et le mépris, il est encore urgent de ne plus se taire.
L'homme est l'homme, déraisonnable et méchant... et pourtant !