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  • Dernière escale

    Ça commence comme un pavé dans la mare et ça se finit avec un beau ciel bleu. Ça a commencé en mars 2005, et après cinq numéros, Mot à Maux papier se sent la barbe blanche. Pour parler sans métaphore, la revue se meurt peu à peu, n'ayant pas réussi à franchir le palier critique des abonnements. Donc, à moins d'un miracle, le numéro 6 de décembre devrait être le dernier. J'ai peine à le concevoir mais comment faire autrement ? Je remercie les quelques abonnés qui soutiennent ce projet et les bons amis, tous resteront dans mon cœur. Un élément me pousse et compte considérablement : c'est l'espace que j'ai trouvé au sein de ce blog pour m'exprimer. Cela fait que je n'ai aucun regret à arrêter la publication. Beaucoup de petits commerces ferment, remplacés par les grandes surfaces, il n'y a rien à regretter, c'est la marche du temps. Je ne vais pas me mettre à faire de la résistance et à quémander quelques sous, je suis aussi victime de ce temps où tout va vite, où l'on n'a plus le temps de parler des choses essentielles. Parfois, un grand silence vaut mieux que pousser des cris de possédés, ça oblige parfois celui qui marche à jeter quelques regards. Je salue les amis qui continuent l'aventure malgré tous les écueils, je ne vois pas personnellement comment me sortir du Pot au Noir. Je rends donc les armes, l'aventure continue sur ce blog et partout ailleurs où je trouverai espace et moyen de l'écho. Nous pourrions chanter « Ce n'est qu'un au revoir... », je préfère personnellement partir en silence, en laissant à ceux qui ont la parole le pouvoir et la possibilité de s'exprimer.

  • A vendre

    Non, je n'ai pas été acheté pour 22 millions d'euros, donc je ne vais pas aller voir ailleurs. Je n'ai pas non plus gagné un billet pour les îles du Pacifique (j'aurais pourtant bien voulu y aller). Je n'ai pas été non plus sélectionné pour participer à « Qui veut gagner des millions ? » mais ça m'aurait certainement fait un grand bien. En fait, je dois aider un ami à déménager. Après ça, je compte bien m'orienter tout droit vers la tombe, sans laisser tomber cependant tous mes bons camarades. C'est pas compliqué : tu fais un pas dans la vie, et des années plus tard il ne reste plus qu'à faire le dernier. On ne sait pas ce qu'il y a au bout du chemin, mais je présume que cela doit être pas mal, aussi bien que dans le jeu du « Maillon faible » (c'est dire si je suis pressé de partir les pieds devant) ! Après tout, j'ai eu beau me retourner les neurones dans tous les sens, ça ne m'a pas servi à grand-chose... ah si ! j'ai quand même réussi à terminer mes mots croisés l'autre jour (une sacrée performance, l'œuvre de toute une vie) ! Bref, je suis vraiment fatigué, donc je vais aller faire un tour du côté de l'océan pour voir si les oiseaux sont toujours mazoutés et si la mer est toujours aussi salée. C'est vrai que l'autre fois je ne m'étais pas bien rendu compte, donc je vais étudier la question avec beaucoup de sérieux.

  • La Mort de Sardanapale

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    En disant : « Tout est sujet », Eugène Delacroix* signifie-t-il que tout est susceptible de devenir un tableau ? Ce qui compte, en définitive, c'est bien la façon dont on arrange tous les éléments afin de signer une œuvre personnelle. La peinture de Delacroix s'affranchit largement des critères classiques. Il n'est qu'à regarder la « Chasse aux lions » et son déploiement de formes et de couleurs. On peut aussi regarder « La Mort de Sardanapale » et ses défauts de perspective et ressentir la tension palpable entre les différents éléments pour y trouver les prémices de futurs mouvements. Lui qui disait aussi : « La nature est un vaste dictionnaire. Les peintres qui obéissent à l'imagination cherchent dans leur dictionnaire les éléments qui s'accommodent à leur conception... Ceux qui n'ont pas d'imagination copient le dictionnaire » savait parfaitement conjuguer les images et leurs symboles pour en faire des fresques historiques, mythologiques ou sociales. Le signe chez Delacroix devient arme révolutionnaire qui fait de l'œuvre peinte un réceptacle de tensions. Si la poésie aujourd'hui reconnaît l'importance de ces signes, qu'ils soient valeurs, engagements ou actes, ne lui reste-t-elle pas à s'emparer à son tour de cette réalité de sujets qui nous tendent les bras ? Tout est susceptible de prendre sens et de se charger de significations. Des mouvements comme le Romantisme ou le Surréalisme se sont chargés de défendre leurs propres recherches et ont donné à la poésie des armes redoutables que l'on continue d'utiliser. Je pense que beaucoup de malheurs et de tragédies aujourd'hui sont dus au manque flagrant de parole au sein de la société. Nous avons droit à l'image aseptisée, à la vitesse de l'information, au spectacle, mais avons-nous vraiment intégré dans nos agendas tout ce qui se devrait d'être retenu et étudié avec soins ? Et cette réalité - ce sens du langage - me paraît être sociale. Oui, la poésie est ce qu'elle veut, elle est libre, affranchie. Mais face à cette déferlante de pornographie et d'horreurs, elle aussi souffre du manque patent et pathologique de significations. Or, quels liens sont plus à même de recentrer l'attention divertie sinon de forts sursauts et de nouveaux mouvements sociaux ? La société offre tous les moyens d'information, de culture et de combat : cinémas, journaux, télévision, radio, musées et maintenant la venue d'Internet permettent à cette information de se démultiplier. Ne manque-t-il pas que la possibilité pour les voix nombreuses d'être enfin entendues ? Une phrase peut faire le tour du monde en quelques minutes, et pourtant partout combien sont les cris qui ne sont jamais entendus ? Qu'on ne me dise pas que la plus grande partie des malheurs n'est pas renforcée par ce silence retentissant ! Au final, qu'est-ce qui nous distingue de ces temps de Delacroix, d'Ingres et des Romantiques sinon la perte tragique d'une esthétique qui peut-être n'a jamais été ? Qu'est-ce qui nous éloigne de ces temps des philosophes, des écrivains et des poètes sinon l'impossibilité de voir son message relayé ? A l'heure de la vitesse instantanée et des communications satellites, ne manquent plus que l'envie et la possibilité de pouvoir s'exprimer.

     *Eugène Delacroix (peintre) : 1798 - 1863

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