Il y a des choses que l'on doit dire, et puis, on peut se résoudre à partir. Parmi ces choses, que nous ne sommes pas sur terre pour nous laisser aliéner dans des occupations bas de gamme qui ne riment à rien, ne signifient rien. Je pense à cette repasseuse dans mon supermarché... comment peut-on répéter tous ces gestes à longueur de journée sans broncher, sans faiblir ? Jadis, c'était le Goulag... aujourd'hui c'est encore "travailler plus pour gagner plus". Y a-t-il une limite acceptable ou c'est comme ça jusqu'à la fin ? On doit pouvoir travailler pour gagner son argent, satisfaire ses besoins journaliers et permettre ses loisirs, mais c'est quoi vivre, prendre le temps de se poser, respirer ? La plupart des gens sur la terre gagnent à peine de quoi survivre, quelques euros arrachés à force de sueur dans des travaux pénibles. Ici, les travailleurs mettent la même énergie à assurer une vie qu'ils veulent meilleure et c'est bien légitime. Le problème, c'est que les inégalités sont croissantes et abyssales entre les individus et les nations. A temps égal, les revenus entrent dans des ordres de grandeur incommensurables. Le rapport au travail ne serait-il pas alors celui du rapport à la richesse ? Il y a une question qualitative quant aux valeurs que nous donnons au travail. Quelle vie voulons-nous vivre ? Quelles richesses voulons-nous acquérir ? Que sommes-nous prêts à sacrifier pour les obtenir ? Quelle est la finalité de tout cela ? Le travail doit être une valeur partagée entre les hommes. Puisque tout est une question de flux d'énergie, inévitablement se pose le problème du partage des richesses et des ressources de la terre. Cette question de posera de façon encore plus croissante alors que les ressources sont surexploitées et que les besoins élémentaires sont de plus en plus difficiles à résorber. Ainsi, c'est tout simplement les valeurs que nous donnons à la vie qui se jouent dans la question du travail. Chaque geste porte en lui une motivation qui n'est jamais anodine. Libre à chacun de rêver de son propre cheminement de vie, d'avoir des désirs et des aspirations essentielles. Libre à chacun de se situer dans la vie. Il y a des choses qui doivent être dites avant de partir.
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Mot à Maux n°5
Mot à Maux version papier devient semestriel (juin et décembre). Après quatre numéros sur les chapeaux de roue, la petite revue anthologique née en mars 2005 voit grand et prend un format A4. Mot à Maux a publié de jeunes auteurs pour leur première fois ainsi que de plus anciens, déjà rôdés mais néanmoins novateurs. La revue reste relativement confidentielle, comme l'est la poésie dans notre société. La poésie vit cependant et c'est l'essentiel. Si l'on aimerait qu'elle soit plus présente dans nos vies, il faut considérer que c'est la parole qui devrait avoir plus de présence dans nos vies ! Le combat pour la poésie est aussi celui de la parole. Ce n'est pas grand chose, certes, mais enfin ! C'est tout ce que nous avons, et c'est déjà pas si mal. Le numéro 5 de Mot à Maux est donc prévu pour juin et vous pouvez encore me faire parvenir vos textes via mon adresse électronique. Je lis poèmes et proses avec plaisir et si je dois choisir bien évidemment ce n'est qu'en pure subjectivité. Quant à moi, je me suis remis à la peinture (même si je ne suis pas là pour raconter ma vie) et le petit garçon fait des progrès...
N° : 4 euros. Abonnement : 8 euros (2 numéros). On peut toujours commander les anciens numéros. (Par mail SVP).
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"Pour ma mort"
Si on me demandait quel est l'élément central qui a déclenché ce besoin en moi d'écrire, je dirais sûrement que c'est ma propre mort. Pas celle qui viendra dans quelques années à la fin de cette vie, mais ce séisme qui m'a emmené un 7 octobre 1991, pendant la nuit. Depuis, je n'ai cessé de chercher à comprendre et d'user de ma position dans le ciel pour décrire ce que je voyais. Possible de relater des évènements d'un point de vue un peu élevé, impossible de s'extraire soi-même de cette position, cette course sans fin nous rapproche de l'absurde. Ecrire, c'est un peu ça. C'est user de cet absurde, quand même. "Pour ma mort" condense une expérience que chacun a vécue ou vivra un jour. Pour moi la vie et la mort se confondent depuis cette fameuse date, je ne sais plus ce qu'est la vie, la saveur de se promener sur la plage au soleil. "Pour ma mort" parle d'une mort passée, c'est un peu mettre une plaque sur une tombe pour se recueillir devant un être aimé. C'est aussi un acte de foi. Personne ne me dira ce qu'est la vie, ce qu'est la mort. Et personne ne m'enlèvera de la tête l'idée que je suis mort. "Pour ma mort" parle donc d'une mort survenue au cours de la vie et qui se prolonge. La vie est suffisamment merveilleuse et extraordinaire, les certitudes passées sûrement insuffisantes, nous pouvons nous laisser aller au mystère. Si vous décidez de lire "Pour ma mort", vous n'aurez aucune réponse. La vérité si claire est pourtant si fugitive ! J'ai posé cependant comme acte de foi cette contradiction immense, cette sensation tenace ! Après tout : "Mon au-delà n'a jamais été qu'une tombe vide sous un soleil."
On peut commander ce recueil sur le site des éditions Poiêtês.
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