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La vie des mots - Page 12

  • "Stabat Mater Furiosa"

    Quel est le dénominateur commun entre un spectacle d'une actrice de la Compagnie des Songes jouant "Stabat Mater Furiosa" de Jean-Pierre Siméon dans une petite ville de province et un happening délirant de Mazout et Neutron dans cette même ville de province, si ce n'est que parfois le théâtre touche à la divinité ? La capacité d'une actrice à apprendre et réciter un texte aussi rageur pendant une heure me laisse admirateur. Au début de la pièce, nous sommes plongés dans le noir pour trois minutes, silence... attente d'un signe... une porte s'ouvre, une respiration se fait entendre. Puis l'ampoule finalement s'allume. Frêle jeune femme, les pieds dénudés, dans un manteau, et qui commence son long monologue, adressé à nous, à qui d'autre ? "Je suis celle qui refuse de comprendre / je suis celle qui ne veut pas comprendre et / qui implore..." La pièce est pleine de rage, d'élans puis de calme, on s'inquiète pour l'être fragile quand elle semble côtoyer la folie, on s'émeut de ses cris ! Une femme s'élève contre la barbarie humaine. Cette pièce, ce long poème est fait de ça, et de la beauté aussi, de la fureur enfin. "On n'entend pas les pas de la foule le samedi dans les villes / sur les places publiques dans les marchés / on n'entend pas le pas d'un homme / qui va à son travail / et quand un homme court vers ce qu'il aime / c'est son souffle qu'on entend / mais quand la foule des guerriers se met en chemin / c'est son pas d'abord qu'on entend / son pas qui martèle / oui les coups du marteau sur la terre / le pas qui frappe et qui dit je suis là je suis partout / et comme les bêtes qui sentent de très loin venir l'incendie / chacun sent monter en lui l'écho sourd de ce pas / pas d'histoires tout le monde sait cela / tout le monde / même l'enfant nouveau né en a la mémoire ». Ce qu'on entend c'est un cri, une complainte, les larmes et le bonheur aussi d'être dans le cocon, le doux cocon de la vie. L'histoire humaine est tragique, baignée des guerres innombrables des hommes, de la violence aveugle et de la cruauté. Le message de Siméon s'est élevé de Saïda au Liban en 1997, ravagé par les bombardements, il est celui de l'homme libre, du poète ancré dans le monde, celui qui voit, transmet, suggère et évoque pour nous ce que nous sommes, ce que nous avons été. On sait que les buildings ont été reconstruits, tout va vite, l'activité humaine est sans bornes. Alors il faut dire, témoigner pour le courage et la dignité de la femme et la rédemption des hommes. Cette pièce a été jouée à Avignon, elle n'est pas de celles qui passent à la télévision. Elle n'est pas de celles qui font déplacer les foules en masse. C'est une femme seule plongée dans l'obscurité. Vous avez beaucoup de chances de mourir avant de la voir. Vous avez toutes les chances de ne jamais entendre parler de cette pièce ou de son auteur. Bref, les choses les meilleures sont les choses cachées. On vous ment ! La vraie vie est ici ! La vraie vie est un théâtre dans une salle sans nom, sur la place d'un château disparu, sous les arbres, en plein ciel. Il ne nous reste simplement que quelques réponses à chercher, et puis on pourra tous partir. La lumière peut se rallumer. 

  • RéÉvolution poétique

    Je n'ai pas pour habitude de cracher sur les livres disponibles en rayon de supermarché, ne lisant pas les récits de monsieur X ou Y ni les livres de cuisine, très rarement les romans, tous ceux-ci, de forte qualité de surcroît, obtiennent grâce à mes yeux. Mais quel lecteur pourrait se contenter d'être borgne et ne pas agrémenter ses lectures habituelles de quelques distractions bienvenues, histoire de ne pas finir idiot ou en vue de répondre d'une façon moyenne bien que fermement aux nombreux jeux culturels présentés à la télévision, dont les buts sont de vous faire gagner de l'argent ? Bref, lire est un pouvoir, et choisir sa lecture un privilège. Mais si vous en avez assez de la soupe médiatique et des éternelles émissions destinées à vous endormir l'esprit, si un sentiment de révolte vous agite, sans que vous sachiez pourtant bien clairement d'où il vienne, et si vous ressentez un désir pressant de dynamiter quelques groupes devenus holdingues tels que Editis ou autre Lagardère, si la dure loi de la presse vous oppresse au point de vous donner des cauchemars, alors voici une suggestion toute prête en vue de vous défouler un peu : Le collectif RéEvolution Poétique appelle, à l'occasion de la Foire du Livre de Bruxelles, du 14 au 19 février 2006, à une manifestation active de « parasitage » en règle. Photocopiez, imprimez ou recopiez vos pages favorites et insérez-les dans les pages d'autres ouvrages : vous aurez ainsi contribué au vu et su de tout le monde à un attentat poétique flagrant. Evidemment, il y aura toujours des grincheux pour trouver cela de mauvais goût. D'autant que RéEvolution Poétique n'en est pas à son coup d'essai : bombardement poétique à Gênes le 29 juin 2002, attentat poétique du 11 septembre 2003... autant d'actions qui connurent un grand succès mondial suivant le principe simple de "libérer un livre" aux quatre coins de la planète : Belgique, France, Italie, Espagne, Portugal, Israël, Liban, Brésil, Colombie, Mexique, Usa, Ukraine, Grande Bretagne, Canada, Argentine, Chili, Tchéquie, Pays-Bas, Suède, Russie, Algérie, Maroc... Je trouve cela plutôt bien. Si un des buts de RéEvolution Poétique est bien de faire sauter les verrous entre genres littéraires, entre idées dominantes et marginales, entre civilisations, en vue d'une réconciliation généralisée, alors oui ce nouveau rendez-vous annoncé ne peut être que facteur de paix. Il convient de dynamiter les verrous de l'intolérance, du racisme lattent et de l'incompréhension. Parce qu'il n'y a pas de fatalité des peuples et de la haine entre eux, parce que tout doit revenir à une échelle humaine, changer la vie, RéEvotutionner les consciences ici et maintenant est plus que jamais urgent. Les morts et la souffrance ne sont pas ailleurs mais ici. Ce que l'on fait ici nous engage à chaque instant de la vie. Ce ne sont pas les frontières ni la distance qui protègent. La haine aussi voyage à vitesse de la lumière. Les solutions ne seront jamais toutes faites et ne s'imposeront pas comme du prêt à porter. C'est notre capacité à la réconciliation de tous les frères humains qui est aujourd'hui en jeu. Las des bombes, des attentats suicides, las de la misère des populations et de la pauvreté galopante. Marre de la connerie des voisins fascistes, marre de tourner en rond. Oeil pour oeil, dent pour dent, marre ! Marre d'étouffer la différence. Luttons pour que les barrières sautent entre les civilisations, entre les hommes. Ce que nous voulons, c'est la paix, et non la guerre, la solidarité et non l'indifférence, l'amour et non la haine. Tout ce qui est étouffé, ce qui pourrit au fond de la conscience, au fond des cités, ce qui ne respire plus ici ou ailleurs forme le terreau du véritable terrorisme. La poésie est une forme active de lutte contre tous les extrémismes, pour une vie plus humaine. Il est urgent d'entendre son message, urgent de faire sauter les verrous entre les cultures, urgent de prendre la parole. Urgent d'inventer un avenir pour les hommes. 

  • Tarif découverte...

    De retour de Paris. J'y ai fait le plein de poésie et de peinture évidemment. La poésie c'est la librairie "L'écume des pages" (boulevard St Germain) et Tschann (boulevard du Montparnasse) qui disposera bientôt d'un site Internet. La peinture c'est le musée d'Orsay et Le Grand Palais. C'est le métro, la lumière sombre en novembre, la bousculade... eh oui, ici on n'a pas tous ces avantages culturels, cette effervescence créatrice, en revanche on respire un peu mieux... Merci pour les quelques personnes qui se sont abonnées à la revue. J'ai rencontré un confrère qui dispose d'une trentaine d'abonnés à son numéro 3, c'est le rêve en quelque sorte... Ca peut paraître dérisoire, car les "grandes" petites revues en ont beaucoup plus... mais moi, ça m'irait vraiment ! Une revue c'est beaucoup de travail, beaucoup de plaisir aussi, des rencontres, un soutien important aux poètes qui écrivent et une source d'enrichissement pour ceux qui ont le goût de la lecture. C'est la parole libre en quelque sorte et c'est déjà pas si mal. Pour moi, c'est une façon de continuer à m'exprimer, à ressentir des émotions, de servir la poésie qui m'a tant donné. Je me suis exprimé dès le début à l'invitation de Cécile Guivarch sur le site Francopolis dont je remets ici le lien : http://www.francopolis.net/revues/MotaMaux.html. Je mets dans cette aventure beaucoup de cœur. C'est un peu lutter contre le vide... une nourriture spirituelle. Après trois numéros je me rends compte combien les poètes ont besoin que l'on écoute leur parole. Ce n'est pas quelque chose qui plane au-dessus de nos têtes, la poésie c'est la vie à sa puissance maximum, une attention de tous les jours à la parole, au sens. Evidemment c'est dérisoire. Mais n'est-ce pas parce que la vie est aveugle à ceux qui en font un combat, qui exigent une autre vie que celle qui nous est imposée tous les jours ? Il convient de souscrire à une autre formule que celle que l'on voudrait nous imposer. Il s'agit de croire que la pensée peut vivre et être entendue. La poésie c'est ça, et pas autre chose ! Il s'agit de se battre pour les poètes, quels qu'ils soient, c'est ensemble que nous ferons quelque chose qui puisse ressembler à la liberté, inspirés par la volonté de changer les hommes.