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La vie des mots - Page 5

  • Je ne suis pas là

    Tout est violent dans ce monde. Se lever est violent. Se laver est violent. Le répit n’est pas de ce monde. Même les mots vous agressent ! Alors comment résister ? Seuls les rêves vous laissent tranquille ! Dès le matin, c’est la même machine infernale qui se met en route… qui vous prend et ne vous laisse que quelques instants de repos. Alors, quoi… est-ce moi qui suis inadapté à ce monde, ou la société entière qui est violente ? Je n’ai pas de travail. Rien que les courses à Super U me plongent dans des angoisses infernales… Alors même envisager un emploi de magasinier (pour gagner de l’argent ou renouer du lien social) est inimaginable ! La voiture non plus n’est pas de tout repos. L’accident guette ! Les routes sont dangereuses, sans compter mon cerveau qui fait des siennes quand je suis au volant. Oui, le monde est violent. Violent de tenir une caisse de supermarché, violent de prendre de l’essence à la pompe… violent d’élaguer un arbre au printemps, violent de monter dans une camionnette de peintre en bâtiment, de poster un coli à la Poste, d’envoyer une lettre à la CAF, de faire cuire un œuf, de laver son t-shirt de 8 jours… Violent de rester sur son canapé des heures à méditer sur une toile d’araignée au plafond ! Se lever à 7 heures du matin, partir au boulot, gagner sa croute, prendre les enfants à la sortie de l’école avant de faire les courses… tout cela est inimaginable pour moi ! Faire du sport, surveiller son alimentation, faire son ménage… toutes ces choses normales dans la vie de tous les jours, je suis bien incapable de les faire. Car tout me pèse ! Je ne souhaite à personne de lire mes pensées… Vous n’imaginez pas les méandres et le chaos auxquels vous vous exposeriez ! Car tout est violent dans mon cerveau. La maladie m’agresse dans sa violence quotidienne, les voix, les cris, les appels d’outre-tombe… Non, je ne souhaite à personne de lire les pensées agressives qui me traversent. Allons, tout le monde est malheureux ! Il n’est pas nécessaire de revendiquer une schizophrénie pour éprouver tous ses symptômes. Car le monde est violent. Et si le soir, je regarde un feuilleton américain à la télévision, une émission d’Arthur sur TF1, ou Camping Paradis sur TMC, je ressens toute la violence du petit écran ! Quoi de plus violent qu’une publicité pour un produit de lessive, pour la dernière Toyota, pour la bouffe du chien ! Nous sommes entourés d’images auxquelles nous ne faisons plus attention, habitués aux crimes, aux meurtres, à la barbarie quotidienne. Et tout me revient en pleine face. Je suis une antenne réceptrice de toute la connerie ambiante. Je capte dans mes filets toutes les pensées inconscientes. J’en ai des milliers. Si un jour je parviens à me libérer de mes angoisses, comment être sûr que tous ces souvenirs me laisseront en paix ? On ne peut pas effacer le passé. Il faut vivre avec les drames internes, les dysfonctionnements psychiques. Parce que le malade apprend de sa souffrance, parce qu’il y tient comme à un trésor, parce que le chemin parcouru est toujours une richesse… il ne faut pas trop médire sur son propre sort ! Car la maladie vous distingue de tous ces robots pensants qui marchent dans les rues avec leurs petits chiens… des donneurs de leçons, des redresseurs de torts ! Ah, les gens normaux, ceux qui ne font pas de mal, ceux qui se croient légitimes… Vous mourrez de leur perversité et de leur bêtise. Moi, malade, eux fondamentalement identiques à eux-mêmes ! Oui, la maladie est un progrès face à la masse informe de la rue. Votre sensibilité fera de vous un apatride, mais vous serez riche d’un millier de trésors. Allons, c’est la société qui est violente. Vous ne faites qu’absorber ses émanations. La violence est partout, dans les journaux, au cinéma, au bureau, dans la rue, au supermarché, à la télévision, sur les routes, dans les stades… Moi je ne suis qu’un pauvre homme. Pas grand-chose… une antenne peut-être. Tout est violent dans ce monde. Et moi, je ne suis pas là.

  • Mot à Maux est fauché

     

    La manche 2.JPGIl n’y a que le malheur qui dise la vérité. Le bien-être est une dimension mensongère, une illusion de plus dans un monde d’images. Et puis, c’est le lot commun de beaucoup d’hommes et de femmes. Nous avons tous en nous un Jésus personnel. Celui-ci existe en nous d’une façon protéiforme. A chacun sa propre tragédie. Quand l’inconscient se révèle, lorsqu’il devient réel, où est le repos, où est l’échappatoire ? La conscience de l’invisible devient matière visible et frappe lourdement les esprits fragiles. Quelque chose d’irrépressible, de définitif se met en place. On ne peut plus en appeler au ciel, à Dieu ou aux hommes. Le désespoir ici-bas semble habiter toutes les dimensions. Alors on danse, on boit, on fait la fête, ignorant qu’un jour peut-être le malheur frappera à la porte.

    Mais que fait Mot à Maux ? Vacances perpétuelles ou bagne à perpétuité ? Et que deviennent les abonnements ? Sept à ce jour. Il faut dire que la revue est bien relayée dans la sphère Internet. Ainsi, le site Recours au poème signe en mars 2019 le « Retour de Mot à Maux » et la revue Décharge a fait de Mot à Maux n°7 la revue du mois de mai. Le site arpo a accueilli les deux derniers numéros dans sa bibliothèque virtuelle. Sans compter les blogs d’auteurs qui ont aimablement diffusé les informations. Tout cela permet à Mot à Maux de vivre. On a pu me reprocher d’avoir utilisé le terme de « petite revue ». Et je comprends qu’il n’y a pas de comparaison à établir. Là où est le hic, justement, c’est bien dans les abonnements. Mot à Maux a un double but : publier des poètes d’aujourd’hui et toucher le lecteur. La première motivation fonctionne puisque la revue publie un grand nombre d’auteurs. La seconde est plus problématique : quoi qu’on en dise, Mot à Maux ne sera pas une « grande revue » tant que ses ventes ne permettront pas d’assurer un minimum de recettes. Je déteste parler d’argent, mais le fait est là : à chaque parution, je perds les frais d’impression ! Et pourtant, l’argent est un problème majeur en poésie. Un poète doit pouvoir régulièrement payer des frais postaux, des courriers. Beaucoup sont déjà bien sollicités par les abonnements et les achats. Et l’argent n’est pas disponible à l’infini. Il faut faire des choix. Je souhaiterais pouvoir compter sur un soutien financier, mais je ne suis pas le seul. Alors, tant qu’il y aura des auteurs et des textes de qualité, mon devoir sera de servir d’autres écritures. C’est peut-être une question d’altruisme. Pour moi c’est un combat.

    Pourquoi enfin s’abonner à Mot à Maux ? Parce que cela ne coûte rien : le prix d’un burger au McDonald, celui d’un magazine féminin, d’une lotion capillaire, d’un Coca Zéro… Parce que c’est meilleur pour la santé qu’une part de pizza. Parce que c’est un voyage gratuit au bout des îles. Pour le prix de 4 euros le numéro, 48 pages de poésie sont servies avec paille et glaçons. Idéal pour emmener à la plage et disserter sur la poésie avec les mouettes. Ca n’est pas Marc Levy ou Amélie Nothomb… Ca n’est pas vendu à la FNAC, certes. Mais nous faisons partie d’une résistance souterraine. Pourquoi s’accrocher comme un mort de faim à la poésie ? Quand tout est désespéré, sombre. Peut-être pour transmettre la beauté du monde, celle qui n’est pas montrée à la télé, qui est galvaudée ici et ailleurs. La parole est l’unique but de Mot à Maux. J’ose encore croire à une utopie. La poésie sauvera le monde ou ne sera pas. Dans ce monde qui regorge d’argent et de richesses, Mot à Maux est du côté des faibles et des fauchés. Mot à Maux vous tend la main pour un euro ou une cigarette. Assis sur son morceau de carton, la tête au ciel et les yeux dans le vide, il défie du regard les passants. Avec un peu de chance, ce soir il pourra aller chez McDo.

  • Mot à Maux 2019

    sans-titremars.pngL’abonnement à Mot à Maux pour l’année 2019 est désormais possible. En me renvoyant le bulletin ci-joint, vous pouvez choisir entre différentes formules.

    En participant, vous encouragez la poésie. Les auteurs aujourd’hui ne demandent qu’à être lus. Ils nous récompensent par la qualité de leurs écrits.

    Le but d’une revue est de donner aux poètes une tribune, de rendre effective la liberté d’expression et de distribuer la parole. Les poètes ont besoin du soutien des lecteurs, c’est le pourquoi de leur métier, la suite naturelle de leur activité d’écriture.

    Ecrire est un acte personnel, la revue permet de rassembler toutes les voix. N’attendons rien des grands médias, nous prêchons dans notre propre paroisse. Mais les revues de poésie ont besoin d’être soutenues.

    Mot à Maux et ses auteurs vous remercient déjà pour votre geste afin que vive la poésie.

     

    Daniel Brochard

     

    Mot à Maux n°8

    Bulletin d'abonnement 2019