Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

La vie des mots - Page 7

  • À un paradoxe près

    Les temps sont durs pour les écrivains. Quand je vois qu’un auteur publie cinq livres aux éditions La tarte et le pion, avec un budget serré pour chacun, je me dis que je suis bien couillon de chercher à publier mon dernier bébé chez un bon éditeur ! Je pourrais me contenter d’envoyer mon manuscrit avec leur formulaire de contact, réponse sous huit jours, respect de la confidentialité, professionnalisme oblige ! Ce n’est pas difficile de publier un livre, il suffit de traverser la rue et d’aller chez La tarte et le pion … La porte est toujours ouverte, il y a toujours un contrat à traîner dans un coin, il suffit d’apposer sa signature et de parafer chaque page. Ici la vie est simple, on vous garantit la publication de votre livre dès réception du premier chèque. Oui, je suis bien con de me fatiguer pour rien alors que je pourrais avoir mon bouquin à 150 exemplaires chez La tarte et le pion, moins cher que chez Darty, avec service après-vente ! Je serai même référencé dans les rayons d’Intermarché et de chez Leclerc, vous imaginez la notoriété ! Et il paraîtrait que pour quelques euros de plus, j’aurais droit à une note de lecture personnalisée de la part de l’éditeur, publiée sur le site en première page ! Leur couverture n’est pas si moche, il faut juste s’habituer à la mise en page un peu trop resserrée à première vue mais qui fonctionne bien quand le livre est pris à bras tendus. De toute façon, tout se paie aujourd’hui… Je perdrai juste quelques centaines d’euros, c’est pas la mer à boire ! Et au moins j’aurai mon bouquin. De bons écrivains ont eu recours au compte d’auteur, savez-vous… Je ne vois pas où est le problème. Un livre est un livre. Il ne faut pas trop chercher des noises au compte d’auteur ! Aujourd’hui chacun peut avoir son bouquin estampillé La tarte et le pion. C’est une sacrée révolution : n’importe qui peut publier tout et n’importe quoi ! C’est même une liberté fondamentale, un privilège pour les sans-grade, une justice pour les auteurs ! Alors je ne vois pas où est le problème. Pourquoi je me casse pour publier chez un bon éditeur alors que je peux faire tout ça facilement en allant voir ailleurs ? Mon bébé s’habituera bien à avoir de nouveaux parents, pourvu qu’il ne soit pas orphelin ! Pourquoi se compliquer la vie alors qu’il est si facile de publier son bouquin chez La tarte et le pion ? Mais de toute façon il y a plein d’autres éditeurs pour se charger de votre avorton. Elle est pas belle la vie ?

     

     

  • Éditorial, Mot à Maux n°7

    Éditorial

    La poésie est une rude affaire. Ce monde-là aussi est plein de cruauté. Pouvoir dissocier un poème d’une aventure parallèle, de la vie courante, normale, n’est pas donné à celui qui voit dans la poésie le cœur même de l’existence. Et on vous donnera des leçons afin d’adapter votre vie à la vie normale ! Votre logique n’est pas compatible avec ce monde. Vous serez toujours marginal, délaissé, ignoré. Mais vous ne vouliez pas devenir célèbre ! Vous souhaitiez simplement que quelqu’un lise vos poèmes. Aujourd’hui, le fait d’écrire fait de vous un ringard. Votre crédibilité s’essouffle à vue d’œil. Pourquoi écrire ? Comment être différent ? Votre incompatibilité n’est-elle pas rédhibitoire ? C’est la parole non dite qui manque au monde. Ce sont les heures passées dans la solitude qui feront le malheur du poète. Alors, y a-t-il une voie différente de celle du malheur ? Le monde se délite, s’effrite. Le poète se noie dans l’alcool et les médicaments. Nous vivons à contre-sens. L’écriture est notre malheur. Une blessure intime au cœur du monde rugueux à étreindre. Mais c’est tout ce qu’il nous reste. Nous sommes des survivants face au silence d’un monde hostile à nous et à lui-même. Nous sommes une forme de la résistance. Si fragile, si malmenée par les tempêtes. Le poème sera toujours un lieu de défiance, une parole méprisée et incomprise. Le poète est un apatride, un étranger. Peut-être est-ce à lui que revient la lourde tâche de s’élever contre le monde, de faire resurgir la parole. Le travail finit toujours par payer. Car le poète est un idéaliste, un rêveur. Il n’est pas de voie plus dure que la poésie. Le mépris est souvent le salaire du poète. Et celui-ci sera toujours dans le maquis.

    Daniel Brochard

  • Mot à Maux - le blog

    Hier encore je me disais que c’était la fin. Les idées noires prenantes m’avaient écarté du chemin de la vie. La revue me demandait beaucoup d’énergie, pas que je manque de forces, mais parce qu’elle interférait avec mon état mental. Un état de profonde dépression mêlée de joie de vivre et de désir de mourir. Je me suis raccroché à la revue comme un mort de faim, mais cette période de mal-être a vu ma motivation diminuer. J’étais pourtant bien parti avec Mot à Maux. La revue aurait pu perdurer et grandir. Mais il y a eu les questions de l’impression, de l’envoi, de l’affranchissement. Il fallait trouver un système pérenne que je n’ai pas réussi à inventer. D’où la question des timbres et de l’envoi gratuit. C’était inhabituel, en rapport avec mes convictions. Il y avait la revue et moi. J’ai aimé Mot à Maux parce qu’elle m’a permis de rencontrer beaucoup de jeunes auteurs. J’ai aimé proposer un espace à ceux dont j’ai aimé les poèmes. Avoir le sentiment de véhiculer la parole. La revue était une belle utopie. Je n’avais pas mesuré le travail. Faire ça seul, à l’aide d’une photocopieuse… en mai, cela ne me faisait pas peur, aujourd’hui la tâche est devenue trop lourde. Alors, voyons… au lieu de tout arrêter, je propose de reprendre la revue sur ce blog. Je ne tiens pas à faire une revue en ligne au format pdf. Je propose aux auteurs de publier leurs poèmes sur ce blog. C’est la fin de la revue papier. Ce ne sera pas une revue Internet. Juste un blog ! Un revuiste me disait qu’il y a deux difficultés à animer une revue : l’argent et l’énergie que cela demande. J’avais cru répondre à la question de l’argent. Quant à l’énergie… J’avoue qu’une revue papier est un pari et une motivation qui demande une attention journalière. Une revue est un lien entre auteurs et lecteurs - où chacun trouve sa place - débutants et confirmés. C’est essentiel pour la littérature. J’ai commencé par la publication en revue, après avoir été victime d’une mauvaise souscription. J’ai voulu à mon tour créer une revue. J’ai connu beaucoup de revuistes jeunes comme moi, dont certains ont arrêté. D’autres continuent avec courage. Je suis triste de mettre la clef sous la porte. Pour faire vivre Mot à Maux, j’appelle désormais les poètes à m’envoyer 6 ou 7 poèmes assez courts. Je publierai les meilleurs (à mon goût). Je publierai un poème par auteur sélectionné. Je garderai ainsi un lien avec Mot à Maux, en suivant la même ligne éditoriale. « Un souffle, un cri, un engagement, une respiration… » Aujourd’hui est un tournant pour Mot à Maux. J’ai hâte de lire vos poèmes.

    Daniel Brochard