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Lectures - Page 2

  • Christophe Jubien, "Ce n'est que moi"

    Lecture par Marie Desmaretz :

     

    Ce n'est que moi vient de sortir ces jours-ci aux Éditions Gros Textes.

    Ce recueil est celui du poète Deux-Sévrien Christophe Jubien.

    Soixante dix poèmes courts, et 2 plus longs : Trois jours à Saint-Loup et Mort d'homme.

    Ce dernier texte - très émouvant - évoque la mort d'un père, de son père.

     

    « Dans la cuisine/sur la table/il y avait/un petit mot

    trois lignes/pour expliquer …/»

     

    Phrases brèves, pudiques pour dire le geste dont on ne revient pas.

    Mots sobres autour du cercueil ou encore pour parler du chat qui (le jour de l'enterrement)« …a fait à pied/le chemin/de la maison/au village …/»

     

    Page 17 en lisant La cloche, tout de suite j'ai pensé à Brel et à ses Vieux.

     

    … les voilà sur un banc/sans plus rien à se dire/chacun pour soi regarde le vent, les fleurs/un dernier papillon …/»

     

    Pages 52 et 53, le titre nomme un autre chanteur : Alain Barrière.

    Christophe Jubien attend sa femme dans la voiture et il triture le bouton de la radio. Lui reviennent en mémoire son enfance, sa mère besogneuse, et les jours qui n'en finissent pas. Et puis...

    « Il pleut sur le pare-brise/avec une telle douceur/que « Tu t'en vas » d'Alain Barrière/me brise le cœur. ».

    Ce sont les derniers mots de ce poème tout en nostalgie.

     

    Nostalgie encore dans Cadeau du vent :

    « Un petit ballon/roule vers moi/roule vers moi/roule vers moi/depuis l'enfance/et toc ! Le voilà/dans mes pieds/ Pile le jour de mes 55 ans ».

     

    Page 69 le texte intitulé Un peu de philosophie pratique nous montre un Christophe

    plein d'humour.

    Avec la tendresse, l'humour est d'ailleurs dans ce recueil bien souvent présent.

    Moments de vie ! Scènes de vie, comme de petits tableaux !

    Il y a des bancs, des clochards, une boulangerie, un vieux copain, une cabane dans les arbres et des amoureux qui vont avec, des oiseaux, des H.L.M (et l'on pense au très beau film Asphalte de Samuel Benchetritt).

     

    Ce recueil n'a de petit que son format (14,5 sur 10,5).

    Les 91 pages de cette poésie (que je dirai « du quotidien » et un peu à la manière de François de Cornière) nous font découvrir la grande sensibilité de son auteur.

     

    A lire sans modération.

     

    Éditions Gros Textes – 7 euros

     

    Marie Desmaretz – 17 novembre 2020

     

  • Éric Chassefière, "L’Arbre de Silence"

    Astrophysicien, E. Chassefière est aussi poète. Et qui plus que l’homme de science peut exprimer les mystères du Cosmos et de la vie ? Le poème est un instrument de recherche comme le télescope ou la théorie de la Relativité. Le mot est étoile, l’homme un élément du grand tout.

     

    « comprendre que le temps n’est pas le fleuve

    mais le chant de la source »

     

    La science moderne, devant la complexité de l’Univers, fait aussi appel au mystère poétique.

     

    « écrire la poésie des choses

    ne rien nommer

    garder aux mots toute leur liberté »

     

    Car tout est dans le secret de la création.

     

    « je n’écris plus les mots

    mais la nuit de mon corps »

     

    Le poème est appelé à dire l’essentiel, sans fioriture, en face des découvertes de la science. La parole de ce recueil est celle d’un homme confronté de près aux mystères du cosmos. Le métier, la recherche aboutissant inévitablement à la poésie, « seule science » pouvant dire réellement ce qui nous dépasse. Dans un monde sans réponse, à toute vitesse, l’homme ne doit-il pas se tourner vers plus de merveilleux, s’en remettre aux énigmes ? Car si fragile est l’existence humaine… Comment vivre sans rêves, comment accepter cette traversée qu’est la vie sans s’émerveiller ? La poésie et la science se rejoignent autour d’une même interrogation : comment concilier le temps de l’Univers et le temps humain, ce temps si précieux, déterminant notre espace ?

     

    « L’Arbre de Silence » se termine par un tombeau de Joseph Delteil, rappelant que la mort est un domaine du réel, de l’Univers, une notion qui nous appartient tout comme nous appartenons aux étoiles. L’Univers est mystérieux, à nous de le rendre poétique.

     

    Daniel Brochard

     

    Éric Chassefière, L’Arbre de Silence, Éditions Sémaphore, Collection Arcane, 72 p, 12€

  • Bernard GRASSET, "Brise"

    Bernard GRASSET, Brise (2006-2008), Lyon, Jacques André éditeur, coll. Poésie XXI, 2020, 48 p., 13 €.

    Présentation par l’auteur :

    Avec Brise s’achèvent les recueils poétiques inspirés très librement de la Bible, ainsi du triptyque La Porte du Jour 1, 2 et 3, de Feuillages qui le prolongeait depuis les terres de l’enfance. D’une certaine manière, avec Brise se termine une aventure poétique. Tout ce qui est advenu après ces poèmes, tout ce qui sera publié après le sera de surcroît. Brise conclut sans empêcher des prolongements à partir d’autres origines.

    De la Bible qu’il s’est attaché à illustrer avec passion, le peintre Marc Chagall disait qu’elle était « la plus grande source de poésie de tous les temps. » De multiples lectures de celle-ci sont possibles, mais la lecture artistique, poétique, est sans doute celle qui porte en elle le plus grand élan d’universalité. Symboles, récits, maximes, chants, peuvent inspirer encore aujourd’hui une parole picturale, musicale, poétique, en recherche d’humanité et d’infini. Dans l’écho de la source lointaine, une autre modernité se couvrirait d’aurore.

    L’inspiration est libre, si libre ici qu’un lecteur peu familier de la Bible pourrait ne pas l’apercevoir. Si libre qu’elle est voilée tout en demeurant fondatrice. A travers cette liberté, ce voilement, se donnerait à entendre comme le cœur de la poésie.

    Brise. Un murmure, un chemin, une aventure. Près des cimes les feuillages s’inclinent comme légende des cœurs. Quelques mots posés sur le silence. Une attente. Des pas dans le désert. Des pas dans le jardin des possibles. Et le vent dont tu ignores le pays, le vent s’attarde et le feu sur la colline s’embrase.

    1854_ADP_brise (6) (1).pdf