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Réflexions - Page 7

  • NGC 584

    Comme l'histoire de la Terre, la vie est faite de temps différents qui se succèdent. La poésie est un temps, elle aussi. Comment naît-elle, vit puis meurt... nul ne le sait. Nul ne connaît les réponses ; nous ne faisons que traverser la vie dans des dimensions multiples et variées. La vie est comme un arbre dont les racines plongent dans un passé tumultueux, fortifient les branches... nul ne connaît le destin des arbres. Tout est dans la croissance renouvelée du végétal. En regardant la mer, imagine-t-on que cette eau est venue de centaines de millions d'années, apportée vraisemblablement par des météores ? Imagine-t-on l'éternité qu'il a fallu pour former les premières bactéries, les premiers organismes ? Et maintenant on pourrait tout saccager simplement en claquant des doigts ! N'est-ce pas effrayant ? Regarder à court terme c'est oublier les miracles qu'il a fallu pour que nous soyons au monde. C'est vertigineux. Alors, un poème, c'est tout simplement parier un instant sur quelque chose de merveilleux dans nos vies. C'est s'affranchir d'une aliénation, de cette tendance à s'emballer pour des choses désuètes et sans valeur. Quelles priorités donnons-nous aux choses ? Quelles sont nos attentes, nos envies ? Dans ce temps si court qu'est la vie, que voulons-nous transmettre à nos enfants ? Que souhaitons-nous, simplement, comme vie ? L'histoire humaine s'exprime dans la poésie, ce moyen privilégié que nous avons pour nous élever un peu des marasmes de notre quotidien. Enlever cette énergie, ne pas regarder autour de soi, c'est scier l'arbre à la racine ! L'histoire de la Terre remonte à des temps immémoriaux, la vie s'écoule d'une façon condensée depuis des millénaires, nul ne sait quelle sera l'irrémédiable fin.

  • L'absolu, quand même

    C'est un peu l'effet des temps, Mot à Maux s'est attaché à être au plus près de l'actualité. Pour ceux qui prendraient le train en route, il s'agit bel et bien d'un blog consacré à la poésie. Mais les notes présentes ne sont pas de la poésie : des articles de presse ? oui, peut-être. La poésie part d'une aspiration irrationnelle à se situer dans le monde, elle est déterminée par des manques, une impossibilité à se passer des mots, à échapper à soi-même aussi. Un article, quant à lui, échappe à toute détermination. Parce que certaines questions resteront à jamais sans réponse, il est bon, quand même, de chercher à comprendre, d'apaiser l'agitation qui naît du sentiment de l'absurde. Lorsqu'un individu ou un peuple décide de prendre la plume, c'est parce que ce besoin est irrépressible, qu'il concerne soi et l'avenir. La poésie, ainsi, sera toujours l'expression de la révolte et de la liberté. Elle se confondra avec le journalisme, avec l'engagement politique et les aspirations sociales. Ecriture-artisanat, mouvement d'insecte, il y a quand même dans la poésie ce cri silencieux, ce manque fondamental de réponses. Je l'éprouve, chaque jour au cœur de ma vie. Un manque comblé par cette recherche incessante ! Mais puisqu'il faut bien se résoudre à abandonner les réponses, continuons sur ces chemins multiples, les séparations entre les disciplines ne sont qu'un voile transparent et mensonger. Je continuerai à m'attacher au monde qui m'entoure. C'est ainsi que je peux, un instant, faire reculer l'absurde. C'est ainsi que je peux, un instant, me rapprocher du mystère du monde.

  • Ça ira !

    Non, je ne vais pas parler de ceux qui se cachent derrière des idées de pouvoir et prennent pour alibi le fait de leur légitimité constitutionnelle, je ne vais pas parler de haute trahison ni de la sanction pénale encourue par un ministre qui appelle à ne pas appliquer une loi, je ne vais pas parler de trois millions de personnes qui manifestent dans les rues, je ne vais pas dire que devant tous les excès du pouvoir de l'argent il convient de reprendre les cartes en main et de porter un coup afin que toutes les forces vives s'expriment enfin, je ne vais pas dire qu'il est temps de revenir à des questions essentielles sur le devenir de nos sociétés et du monde... mais quand même ! Il est un temps où dire devient plus urgent que tout le reste.

    Certains disent : "Un étudiant est fait pour étudier" ; "Un ministre est fait pour gouverner" ; "Le pouvoir doit être exercé par ceux qui le détiennent" ; "La jeunesse doit fermer sa gueule" ; "Passe ton bac, tu verras après" ; "Les jeunes sont des tas de faignants". D'autres disent les pires horreurs et, comme il est d'usage dans les milieux fascistes, stigmatisent une partie de la population. Tous voudraient revenir à l'ordre souverain, gommer les aspirations à la liberté, agrandir les prisons et multiplier les charters, construire de plus en plus de barrières entre les hommes et les civilisations. Tous pensent que les différences opposent au lieu de renforcer, qu'il faut revenir à un ordre où toute contestation soit irrémédiablement réprimée... Quel dégoût m'aspirent ces discours xénophobes et fascisants ! Alors que la liberté de chacun est dans le respect de la différence, dans l'acceptation de concepts nouveaux, raisonnés et motivés, qu'il est urgent d'ouvrir les bras au voisin, au frère, à l'opprimé, que rien ne justifie la haine et le mépris, il est encore urgent de ne plus se taire.

    L'homme est l'homme, déraisonnable et méchant... et pourtant !