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Réflexions - Page 9

  • Hiver

    Débauche de paillettes, flonflons, costumes, coiffures, et pourquoi faire la fête ? Avoir le cœur à la fête ? Comment oublier le désespoir ? la douleur ? Avancer masqué, pour être, paraître, normal, compatible, sensé. Les gens qui crèvent dans la rue ! On oublie ! Avoir sa place, même infime, être dans le cercle, les relations, le piston. Je n'arrive pas à avoir bonne conscience et il y a longtemps que mes certitudes se sont ruinées. Ne plus faire attention, être à la rue. Mendiant, marcher, métro, RER. Indifférence, peut-être pas. C'est quand tu es à la rue, quand tu ne comptes plus, que tu n'existes plus, que tu dors à l'hôtel et qu'il te reste juste de l'argent pour un café le matin. Noël c'est ça, autre chose et pire encore. Froid dedans, froid dehors, il pleut, ça transpire, ça glace, ça arrête le cœur presque, ça tue aussi souvent. Un mot, un autre, écriture, phrases, aisées, sensées, attentives. Ecrire comme ça transpire, comme ça remue, comme ça arrache le cœur. Et puis quoi ! ça dure longtemps ? Sous les ponts ? Même pas dans le métro, non, ailleurs, loin de soi, où ça s'apaise, où ça fait moins mal. Tu écris quoi ? Tu ratures ? Tu penses à quoi ? Ca presse ! Mots, phrases, vite ! Publicité, horreur ! Schizophrénie. Et puis appel à la radio, alerte grand froid prévu, - 14 degrés dans l'indifférence, dans la haine, ça tue. La télé, musique, spectacles et films. Bonne humeur. Tout va bien. Tu oublies quoi ? Lui ? L'être, derrière. Au moins, on en parle un petit peu. Ca fait bien, c'est bien, c'est prouvé dans les chiffres. Noël, un jour, ça s'en va, ça suffit. On peut peut-être penser à autre chose ?  

  • Douce nuit !

    A l'approche de Noël, de la dinde et de ses marrons, il va falloir préparer le réveillon. Passer chez le coiffeur, nettoyer le costume, vérifier le compte en banque, laver la voiture, descendre les poubelles. Il va falloir sortir les cadeaux, aller à la messe, supporter la belle-mère, ne pas mettre la cravate rouge ! mais la verte ! (Un détail qui tue ! Rien n'est à négliger ! Tout est important !) surveiller son discours (ne pas trop la ramener sur la politique, la guerre ou le Tsunami, c'est vrai c'est Noël, on peut quand même se passer de s'engueuler à Noël quand même), bref, être nickel, impeccable, avec un petit brin d'humour et beaucoup d'intelligence. Les fêtes, c'est le marathon de la fin de l'année, les enfants ont plein de cadeaux et font des grands sourires ! Le père Noël passe sur son traîneau en faisant hurler son avertisseur et en saluant les villageois postés à leurs fenêtres. J'adore Noël ! Tout est joyeux, lumineux, démentiel ! On oublie la grisaille des 364 jours précédents et on peut jouer avec les enfants avec leurs petites automobiles. Nuit magique où l'on s'endort comme un enfant, avec la même innocence, avec la même crédulité merveilleuse, avec plein de gaieté et d'impatience. Dur de s'endormir le soir de Noël ! Dur d'accepter le sommeil alors que le père Noël doit passer, entre minuit et minuit deux, qu'il doit se faufiler dans la cheminée et en silence remplir le pied de sapin de ses fabuleux cadeaux. Difficile de se laisser guider par une étoile et de l'apercevoir entre les nuages. Difficile aussi, dans la nuit qui vous amène au 26 décembre de quitter un moment que l'on aurait voulu éternel. Et dire qu'il va falloir attendre une année avant le prochain Noël ! Envolés le sapin, les cadeaux et la dinde aux marrons. Démonter les guirlandes, descendre les poubelles, remercier le voisin pour sa jolie bouteille, embrasser la belle-mère en lui pardonnant tout et s'en aller avec cette âme d'enfant en priant de ne pas avoir à subir la prochaine guerre, le prochain homicide, le prochain coup de tonnerre. 

  • Ecrire est un acte politique

    En visitant un site Internet je tombe sur cet ouvrage évoquant le cyclone qui a frappé le Bangladesh en 1991 faisant 138 000 (cent trente huit mille) morts. Un autre cyclone avait frappé en novembre 1970 ce qui allait devenir ce même Bangladesh, causant la mort de 500 000 (cinq cent mille) personnes. Et je me dis qu'on est bien peu de chose... Et je me dis que la poésie pour laquelle j'ai donné ma vie a quelque chose de bien dérisoire en face des réalités terribles qui frappent certaines régions du monde à différentes époques de l'histoire humaine. Il y a même quelque chose d'indécent à parler de sa propre misère quand la guerre, les génocides, les massacres ponctuent cette histoire tragique qui est la vie sur terre. Alors, on me dira de regarder la beauté de ce même monde, de regarder ces gens simples qui vivent au jour le jour pour leur avenir, les idées que ces mêmes hommes portent depuis des siècles pour qu'enfin la justice et la liberté se fassent sur cette terre. Oui, la vie est belle vue d'un certain point... quand on habite du bon côté du bon hémisphère peut-être... La poésie dérisoire ? Oui, c'est comme parler de son petit malheur parmi mille cas de souffrances. Mais qu'est-ce qui la sauve ? Qu'est-ce qui fait que je ne vis que par elle ? Peut-être parce que c'est précisément là, par ce biais là que je peux donner un sens à une vie qui n'en a pas. Peut-être parce que je me suis positionné dès le départ, parce que j'ai été nourri dans le respect de la justice, de la fraternité et des droits de l'Homme. Parce qu'écrire est essentiel afin de sortir cette vie de la banalité du quotidien, de la stérilité de ses actions. Parce qu'écrire pose un acte politique, éthique, existentiel. Parce qu'un chemin est fait de mille et une pierres. S'il est des gouffres qui s'ouvrent sous les pas des marcheurs, il y a quand même cent mille pas pour rejoindre le soleil et la liberté. Ecrire aujourd'hui ? Quand on sait la complexité du monde, les actions à mener et l'énergie qu'il faut déployer ? Plus que jamais ! La science, la politique, la religion sont des parties de la somme dont il est question dans l'écriture. L'écriture s'occupant du réel et du surnaturel, comment effectuer toutes les opérations sans en oublier aucune ? Ecrire, un acte vain ? Pas en regard de l'avancement des idées. Un acte échoué dès le départ ? Peut-être en regard de soi, oui. Je dis simplement qu'écrire est un acte qui correspond à une certaine énergie dépensée. L'univers entier est un potentiel d'énergie. Celle qui, présente dans les yeux des enfants, est aussi présente à l'autre bout des confins les plus reculés de l'espace. Alors, il convient d'utiliser cette énergie en conscience et la poésie est un des nombreux moyens de l'utiliser. Alors, oui, en regard de l'actualité, de l'histoire, écrire n'est peut-être pas dérisoire. Peut-être appartient-il aussi à chacun de s'en apercevoir par ses propres moyens.