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Mot à Maux - Page 63

  • "Entrée de secours du paradis terrestre", Emmanuel Berland

    Emmanuel Berland nous parle d'une île « aussi solitaire que l'enfance », un lieu où « il n'y a pas de mur, pas de porte ». Cette île est un lieu d'accostage de tous les navires du monde. Entrer c'est emprunter l'issue de maints Apocalypses, aussi nombreux que les maux de la terre. Emmanuel Berland nous dit que nous n'allons pas vers l'au-delà en suivant une voie unique commune à tous les hommes mais par différents chemins innombrables. Cette poésie est attentive aux chants de l'océan, à la musique, à toutes les facettes de l'humain, elle fait briller « les graines de cosmos », en tant que chaque expérience est susceptible de tenir une place importante à l'entrée du paradis. Le poète est le témoin privilégier de ces mots, le passeur. Il est celui qui connaît tout de la vie, des passages. Si « faire le tour de la vie / prend toute la vie » le poète est là du début à la fin, là même où le silence règne. Le poète donne sens : « je parle de ce qui est haut, je parle de ce qui est grand ». A la fois en-deçà et au-delà, le poète se tient « à l'entrée de secours du paradis terrestre ». C'est qu'il compte redonner son importance à la parole : « l'intérieur du cerveau » s'apparente à un « vieux labyrinthe où s'entend rôder un / chant unique ». Telle est sa richesse : « j'aime le papier, le parquet, les rayons / d'une bibliothèque ». Le langage employé par Emmanuel Berland nous évoque donc mille et une choses. La vraie vie semble émaner de ces mots dont on retiendra la richesse d'âme et des images intenses : « tes voyages d'années-lumière / se mélangeront dans les souvenirs comme les profils / d'oiseaux / dans une forêt surnaturelle » Sa poésie est parole d'âme. S'il affirme : « De nous, il ne doit rien rester » et « je quitterai sans bruit l'absence » c'est pour mieux faire fleurir la parole là où elle doit se poser. « Entrée de secours du paradis terrestre » est donc à l'image du monde, « comme glace et volcans », une voix intensément proche et génératrice de sens.

    Interventions à haute voix, 2001

  • "Rouge Totem", Gilles Bizien

    Ce livret s'adresse autant aux yeux qu'à l'esprit. En très peu de mots, Gilles Bizien nous offre un voyage au pays des mots à la fois "signaux de fumée", "feuilles", "forêt de verre", "racines pour le cœur". C'est là que le poète puise "à la source" et de part son intelligence transmet le message à son lecteur. "Rouge" parce que la poésie est visuelle, son véritable sens prend racine au cœur de cette réalité qui coule comme un sang en nous. "Totem" parce que notre vie n'est-elle pas construite sur des valeurs sacrées, des subjectivités que nous croyons acquises alors que ce ne sont que des produits de l'esprit. L'homme -c'est ainsi - se croit de tout temps légitime à sa place, incapable de faire face à toutes les contradictions, de se mesurer à une autre culture, de faire vivre la différence. Tout le reste est tabou, c'est-à-dire quelque chose dont il ne faut pas parler. C'est cet éternel état du monde que m'inspire la démarche de Gilles Bizien : lire, n'est-ce pas faire sien un sentiment qui est déjà en nous, n'est-ce pas se confronter à soi, donner sens à une réalité peut-être enfouie et que le poète parvient à révéler ? Le poète utilise très peu de mots car sa poésie s'adresse à l'âme, entend déclencher dans l'intelligence des miroirs qui deviendront perceptibles. Cet état d'esprit, il nous l'offre comme ici à travers ces dessins colorés, comme autant de pendants au poème, une volonté de revenir à la simplicité, à l'évidence avant tout du signe. C'est notre faculté à nous transporter, à nous sortir de nous-mêmes que le poète cherche à atteindre, afin que chaque totem personnel apparaisse à vif, qu'il soit en nous "Instant / minutes / comme fleuve / sur ta vie".  Car de "multiples facettes / façonnent l'esprit", le poète doit en révéler l'existence. En ces temps de psychanalyse généralisée, où rien ne paraît plus avoir de sens, et où les valeurs se sont perdues, "Rouge Totem" est peut-être une réponse pour affirmer l'évidence tout à la fois du signe et de ce qu'il cherche à désigner. Electrochoc ou antidépresseur, selon la disponibilité de chacun, voici un apport tout à fait personnel où ici "ton pas est un deuxième horizon." Par son graphisme, sa concision et sa force "Rouge Totem" de Gilles Bizien est un recueil tout à fait convaincant. 

  • 1er prix

    Fort de ses devoirs de rentrée, le petit garçon s'est un peu endormi en classe... nouveaux professeurs, nouveaux compagnons pour faire la java et s'envoyer des boulettes en papier, la rentrée c'est pas triste. Nouveau cartable, nouveaux crayons, cahiers tous neufs, Tee-shirt fluo et baskets aux pieds, c'est un garçon bien mignon que voilà ! Et comme j'allais m'endormir, un mail sur mon portable me réveille à la réalité. C'est aussi la rentrée à la FNAC dont voici le tiercé gagnant (jouez au loto au lieu de passer votre bac, si j'y avais joué ce jour-là je serais millionnaire !) : 1 : Michel Houellebecq (meilleure note) ; 2 : Harry Potter (mention très bien) ; 3 : Amélie Nothomb (accessit). Et donc, pour ne pas avoir l'air arriéré, mettez-vous à la mode et achetez les autocollants pour coller sur vos cartables ! En allant à l'école avec ça, vous serez choyés par vos camarades et serez en bonne posture pour l'élection du chef de classe. Si vous avez misé sur la poésie, vous êtes mal partis mais vous pourrez revenir en fin d'année ou redoubler votre classe. De toute façon, profitez-en pour passer à la FNAC (je ne fais pas de publicité) et soyez à la page. C'est vrai, on aurait l'air bien idiot de ne pas pouvoir raconter le dernier Potter aux copains... et de quoi on va parler à la récréation ? Bref, soyez de votre temps et ne faites pas comme le petit garçon qui dort tout au fond de la classe près du radiateur.