Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Mot à Maux - Page 39

  • "Aux arbres penchés", Emeric de Monteynard

    medium_couv.jpg

    L'écriture poétique correspond certainement à un temps de la vie, à un âge dans lequel l'esprit se trouve. La poésie est une clef afin de sublimer ce qui est en soi. Quelque chose d'essentiel se produit alors qui dépasse l'être. Aucun mot ne peut être étranger à la poésie. Elle qui agit par symboles, par métaphores, est affaire de langage. Le monde entier est langage depuis que le "Verbe" s'est fait "Chair". Je n'ai plus la force d'entrer dans une critique concernant la poésie, la mienne ou celle des autres. Il y a cette étincelle qui survient, ou pas. Certaines oeuvres sont plus importantes que d'autres en ce qu'elles touchent de plus près à l'essentiel, à l'indicible, au mystère, et qu'elles subliment aussi le lecteur en l'entraînant sur des chemins sur lesquels il n'avait jamais marché. Cette même recherche relie le lecteur et doit être la motivation de chacun. Il faudrait arriver, déboucher par quelque moyen que ce soit sur la "réalité". La poésie devrait être un moyen de s'approprier le monde, de sublimer son impuissance afin que le monde lui-même soit une oeuvre, que la vie soit poésie. Beaucoup de révoltes m'ont animé durant ma jeunesse et durent encore. Parmi celles-ci, que le mal que l'on fait aux arbres, aux forêts aux quatre coins de la planète est un crime contre l'humanité toute entière. J'ai vraiment de plus en plus de mal à supporter ce que je lis dans la presse : un chiffre indique qu'approximativement une surface de forêt équivalente à un terrain de football disparaît toutes les trois secondes. Comment rester silencieux ? Je ne veux pas être la génération qui aura vu disparaître la plus grande partie des richesses de la forêt tropicale ! Je me sens coupable car je sais, et aucun mot ne pourra m'enlever ce sentiment. Que les hommes s'entretuent entre eux est une chose, qu'ils dilapident la richesse des générations futures est intolérable. J'ai lu "Aux arbres penchés" d'Emeric de Monteynard dans cet état d'esprit. Ce recueil s'attache à décrire ce que nous ressentons en nous de sentiments quand on évoque "l'arbre", c'est-à-dire cet être qui puise de ses racines l'eau de la terre et qui flirte avec la lumière afin de composer son message terrestre et céleste. L'arbre est un organisme vivant que vénèrent les tribus anciennes pour son caractère sacré. Nous avons perdu cette relation avec la nature, cet amour qui nous relie avec les forces de l'univers. Comment peut-on s'imaginer que cette perte sera sans conséquences ? "Tu ne te disperses pas. Tu sais depuis longtemps que la mort est un problème, un vrai problème. Probablement le seul à devoir affronter - non à résoudre !" C'est notre relation avec notre écosystème fragile qui est en cause, ce sont aussi de réelles valeurs à retrouver que sous-entend toute relation avec la nature et le cosmos. "Un arbre qui tombe, d'ailleurs, c'est toujours un drame pour nous, les « sans racine »". « Sans papiers », « sans racine », « sans repères », « sans avenir »... C'est quand que l'on crie ? "A quoi bon laisser des traces... quand tout est accompli ?" se demande l'arbre... Nous, nous savons pourquoi. Nous savons quelles sont les urgences et les combats à mener, nous savons que l'écriture contribue à renforcer le grand organisme de la vie, et que surtout chaque action menée produit son sens. L'écriture poétique est sûrement un moment essentiel par lequel certains individus doivent passer. Ainsi peuvent-ils servir d'exemple et renforcer toute nouvelle énergie. A tout le monde de s'approprier la parole poétique. A chacun de garder les yeux grands ouverts.

  • "Le Grand Incendie"

    medium_Pyro6mini.gif

    Si les artistes sont de grands destructeurs, ce sont surtout aussi de grands créateurs ! Evidemment, on se souvient de ces civilisations où le fait d'être hors des canons officiels signifiait une condamnation à l'exil, voire à la mort. Se dire artiste vous place tout de suite dans la catégorie des perturbateurs et fait de vous un inadapté social, plus préoccupé par les lubies que par la réalité du terrain économique. Aujourd'hui, l'artiste est soit un retraité de l'enseignement scolaire, soit un horrible squatter dealant ses bombes de peinture et un peu d'herbe bleue. C'est dire l'image qui vous colle à la peau ! Les artistes contemporains sont dans les musées ou sur les cartes de vos parcours de vacances. Innombrables paysages marines, huiles et aquarelles. Sans danger véritable. C'est fou ce que notre temps peut cacher les autres ! Les artistes sont des êtres transparents qu'il convient de chercher dans les musées ! Ben oui, un peu d'ordre tout de même ! Vous vous voyez chercher qui est qui, qui fait quoi aujourd'hui, qui dit quoi ? Notre temps se caractérise par la faculté du pouvoir et des médias à dissimuler ce qui n'est pas rectiligne, uniforme. Les artistes sont standardisés, formatés, perdus dans la foule des anonymes et de ceux qui ont eu la délivrance de pouvoir causer tranquille. C'est dire si tout cela ne fait pas beaucoup de vagues ! A qui profite le silence, le chant unique de ceux qui ont vendu leur âme au diable ? Car il semble que vouloir construire est tout aussi dangereux ! Mais vous pouvez causer aux murs, crier à votre fenêtre, qui entendra ?

    La revue « Pyro » est publiée par l'association « Le Grand Incendie ». Elle en est à son numéro sept. De très belle facture, les textes sont tout aussi intéressants.

    Il est si facile de stigmatiser une génération et de lui adresser toute la haine. Trop facile d'accuser sans se remettre en cause. Les événements récents ont montré que l'incompréhension réciproque mène à tous les extrémismes. La création est un moyen millénaire de souhaiter une autre société. Les artistes sont réellement dangereux ! « Pyro » est anthologique. Le moindre fait d'avoir cette revue sur sa table vous propulse cependant dans une autre dimension où les miroirs cesseraient de mentir pour apprendre à réfléchir. Ce n'est pas grand chose, seulement quelques mots dans un océan d'indifférence et de silence absolu. Quand même, certaines fenêtres ont besoin d'être ouvertes. Certaines choses ont besoin d'être dites, quitte à passer pour un grand destructeur, quitte à faire peur, à vouloir réclamer un peu d'intelligence.

  • Mot à Maux n°5

    medium_6.jpgSi entre deux mi-temps de football, vous avez le temps de vous consacrer un peu à la poésie, je vous informe que Mot à Maux n°5 vient de paraître au prix très compétitif de quatre euros. Evidemment, nous n'avons pas de moyens comparables à tous les sponsors de notre sport favori, mais est-il inutile pour autant de lire un peu autre chose que la soupe servie à heure fixe par les médias et par maman ? Je laisse la question ouverte en sachant qu'il ne peut y avoir de réponse, bref... 20 auteurs tout rond sont au sommaire de cette livraison : Maryse Satgé d'Alto, Eric Dubois, Fabrice Marzuolo, Agnès Schnell, Dany Sénéchaud, Gérard Paris, Monique Foïs, Hervé Martin, Mireille Disdero, Patrice Maltaverne, Jean-Baptiste Pedini, Philippe Bray, Anne Poiré, Daniel Brochard, Gaétan Loubignac, Gérard Lemaire, Lise Debelroute, Yvette Vasseur, Max Philippe Morel et Rodolphe Olcèse. Pour prouver que nous ne planons pas sur un nuage rose, les auteurs se sont aussi prêtés à un petit jeu d'expression libre, en s'emparant de ce qui coule en eux, c'est à dire une parole dépourvue de barrières et livrée à l'exploration de la vie quotidienne. Je suis convaincu que la poésie réalise une certaine préhension du monde et des sentiments en soi, qu'elle peut amener à des révolutions personnelles et à des dépassements capables de renouveler l'être. Si je pense que nous vivons aujourd'hui un grand péril, c'est que je suis de plus en plus alerté des manques qui se creusent au sein de notre civilisation. Il faudra des prises de conscience susceptibles d'affirmer une fois pour toutes les valeurs humaines. Si la poésie peut, un instant, apporter quelque chose, ouvrir les yeux sur l'intérieur et sur le monde, alors peut être n'est-elle pas perdue pour tout le monde. La poésie peut empêcher un train de dérailler. Elle peut retenir quelqu'un de sauter, elle peut casser les miroirs, détruire les murs, renverser l'ordre établi. Attention, matière dangereuse ! Attention, message susceptible de déranger les plus jeunes spectateurs ! Prière de prendre gants et protections ! Nous sommes en quête avide de sens ! La poésie est partout, dans les rêves, sur les aires d'autoroute, au supermarché, la poésie hante les Assedics, coule le long des clochers d'églises ! Mais si on se trompait ? Si tout cela ne servait à rien ! Si nous étions encore victimes d'une fantastique illusion ! Si nos mots étaient vains du début à la fin ! Alors, il conviendrait de retourner à nos publicités, de rallumer la télévision, de regarder la seconde mi-temps. Bref, Mot à Maux coûte quatre euros. Vous pouvez commander en m'écrivant un mail, je donne l'adresse de la revue par ce biais.