Le numéro 2 de Mot à Maux n'est pas encore sorti (mais ça ne saurait tarder) que La Nouvelle Revue Moderne n°12 présentée dans la Revue des Revues à venir est déjà archivée sur son site. Le numéro 13 vient de sortir. C'est dire l'intense création de la revue. Occasion de constater à nouveau que la poésie sera toujours "en avant", en avance sur elle-même, sur le temps, sur la vie même. On ne saurait encore répéter l'importance de la lecture de ces publications écrites sur du vrai papier, avec de l'encre véritable ; un livre, une revue, s'emmènent partout, au café, à la plage, au jardin public, ce sont les étincelles qui, à un moment donné, peuvent changer votre vie, la diriger irrémédiablement vers une autre direction. Restons attentifs à l'effervescence du support écrit, à la veille d'un été plus que jamais poétique considérons l'émulation, les rencontres et les échanges que permet la poésie, c'est-à-dire la vie, considérons que la création est au service de notre activité, et non le contraire, la poésie est ce qui doit rendre la vie plus intense, elle est une recherche de sens et une façon de ressentir la révolte. La lecture et l'écriture sont des moyens d'assimiler cette révolte. Considérons que l'écrit est un champ de bataille, que la paix de l'âme et du monde est un combat contre le désespoir. Lire, écrire sont des actes politiques. Un moyen de vivre l'existence. Lire une revue engage. Envoyer un poème engage. C'est notre façon à nous de demeurer vivant. Sur le site de la NRM, il se passe quelque chose. La poésie et la réflexion sont au service de l'action. Il est possible de consulter les archives des anciens numéros, d'apprendre et de réfléchir, de découvrir la vaste iconographie et même de s'abonner. Un geste qui ne saurait rester anodin. Tendons les liens qui devraient nous réunir.
Mot à Maux - Page 68
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La Nouvelle Revue Moderne
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"Eglogues printanières", Jean Dif
Dans "Eglogues printanières" Jean Dif nous emmène au-delà de nos murs, dans un coin qui pourrait être partout et qui nous dit qu'il existe un autre ailleurs où le rythme de la vie est bercé par une autre nature, bien loin du béton et du vacarme du métro. Ces petits poèmes pastoraux nous chantent le temps d'un printemps la féerie de germinal, l'épanouissement de floréal, la douceur prairiale et cultivent en nous les Versets du potager, autant de moments pour dire une nature foisonnante emprunte d'une âme qui s'insinue de la terre à la cime, dans toutes les feuilles, sur les pétales des plus belles fleurs. La nature entière est généreuse, vie, sens et symboles, ainsi "La sève est l'ascenseur des sources" ; "il est des fleurs pareilles à des bougies / qui retiendraient leurs larmes". Mais la poésie n'est pas "une dent de sagesse", la nature dans toute sa beauté nous rappelle que l'être est fragile : "Diamant reflet du vide / lucidité de l'obscur / sous la dureté la blessure". "La mort traite l'homme en fourrage" et il a droit à plus de compassion. Comme le jardin qui prospère, l'homme est en attente de désirs et de vie. Jean Dif nous dit : "Le baiser est une blessure qui se ferme". La nature est bien plus qu'un écosystème, elle est la prospérité du sens et l'expression de la vitalité de l'homme. Derrière chaque arbre est un être, derrière chaque mot est un sens. Et comme il est dit : "En s'absentant de soi on gagne en plénitude / tel est l'enseignement du parfum de la fleur / même la plus infime."
Encres Vives / collection Encres Blanches / éditeur : Michel Cosem, 2 allée des Allobroges / 31770 Colomiers / mars 2005.
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Traction-Brabant 7
« La poésie n'est pas chose marrante » nous dit Patrice Maltaverne, rédacteur en chef de la très désorganisée revue Traction-Brabant. Magnifiquement protégée par un papier calque qui lui donne un aspect particulier et précieux, la revue ornera impeccablement votre bibliothèque. Si la pagination a volé dans tous les sens, les "pohèmes" (sic) eux sont bien présents pour nous dire qu'il convient de se méfier des produits trop bien manufacturés, des vérités polies et de l'ordre établi. Un acte politique donc, qui explore les vérités et les insuffisances du langage. Si les illustrations sont laides, c'est parce que « La réalité n'étant pas toujours bien belle » montrer parfois les choses permet de s'en extirper. Un regard donc, comme un cri, un défit qu'avec un minimum de moyens et un peu de témérité on puisse rivaliser de conviction avec les plus prestigieuses publications. Parce que certains discours se perdent en sens, que d'autres sont édulcorés, Traction-Brabant revient à une vérité simple, dépouillée. Comme le dit Régis Belloeil : « L'expansion se fait dans le chaos. Aussi difficile d'oublier que de faire semblant d'exister. Le bonheur est enterré trop profond mais. Un ray de lumière noire me guide follement vers l'origine du sens . » et plus loin : « Fuyons les prophètes du bonheur marchand, fossoyeurs d'une pureté sans laquelle la traversée de l'existence s'apparente à. (...) A quel ministère adresser ma demande en trois exemplaires. / D'un semblant de vie meilleure ? » Exorcisme donc. Volonté de détruire mais de construire aussi. « En cas de danger / tirer la poignée », c'est bien cela que nous propose Traction-Brabant d'un ton volontairement accrocheur afin de mieux nous alarmer des perversions d'une certaine société. Et comme conclue Didier Trumeau : « Plus c'est plein moins c'est vide alors ils n'ont plus de place pour mettre le plein et c'est bien triste car le plein cela fait moins vide ». Une histoire de fous pas si folle que ça si l'on se penche avec attention sur les pages de Traction-Brabant.
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